A.d.C

 

 

Agnès de Cayeux

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Level 7 INTIME
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2005

I'm just married
not2be.net
création online
2003

12 notes
Imagina, Interférences
création littéraire et interactive
1999-2000

   

Level 7 INTIME

 

Centre Pompidou/Festival Hors Pistes
avec l'aide à l'écriture de la SCAM
, Brouilllon d'un rêve
FILM EXPERIMENTAL
2006-2007

 
         
   

>>> VISIONNAGE DU FILM LEVEL 7

présenté au Festival Hors Pistes, 8 octobre 2006 au Centre Pompidou

   
   
   
   

Le film expérimental a été réalisé avec un "téléphone mobile 3G" Nokia N95 prêté par la firme SFR et doté d'une caméra 5 Mpixels sorti en 2006.
(L’iPhone 1, sorti en 2007 est doté d’une caméra arrière de 2 mégapixels qui a une mise au point fixe.)

7x2minutes + 12 secondes
images et voix : agnès de cayeux

   
           


 

 

 
 
           

COMMENTAIRES LEVEL 7, intime


Tu peux filmer une femme qui dort dans un train parce que tu la trouves jolie. Parce que tu n'as pas envie d'oublier son visage. Pour qu'elle ne s'aperçoive de rien, tu peux faire semblant de regarder des images sur ton téléphone, des images de vacances par exemple. Tu peux même exp. Il s'appelle Octave, il a vu H P des diezaines de fois. rimer des sentiments pendant que tu regardes ces images. La tristesse. Et si tu le sais, tu peux pleurer. C'est elle qui sera gênée de te regarder. Ou bien tu détournes ton regard. Tu regardes au travers de la vitre les paysages qui défilent. Elle ne s'apercevra de rien. Et surtout de ton doigt, tu caches le voyant rouge du téléphone - le voyant d'enregistrement. Et puis tu prévois de tousser à la fin de l'enregistrement pour ne pas qu'elle entende le bip sonore. Elle part. Tu ne la vois plus. Elle est partie.

Tu peux filmer des enfants qui regardent Harry Potter sur ton ordinateur portable. Ils ne s'apercevront de rien. Ils ne te verront même pas. Le petit garçon a 3 ans Son film préféré c'est Spiderman, Spiderman 1 et . La scène qui le terrifie est la scène de la mutation Quand Peter Parker se transforme dans sa chambre en homme araignée. C'est la scène qui suit ma scène préférée : Peter Parker photographie Marie Jeanne et juste à ce moment, l'araignée le pique sur le poignet, La scène horrible de l'incendie, celle de l'étranglement du Bouffon Vert, la scène du suicide du docteur Octopus - aucune de ces scènes ne lui fait peur. La petite fille a 9 ans, elle s'appelle Suzanne. J'aime bien cette image, elle est jolie. Le livre préféré de Suzanne est L'ordre des Phénix. Tiens elle sourit. Le tome 5 d'Harry Potter. Elle est jolie.

Tu peux filmer une oeuvre d'art par exemple.

Tu peux filmer une cuisine. La cuisine d'Hélène. Simplement parce que tu as envie d'immortaliser ces images. Elles te reposent. Tu peux aussi te demander si ailleurs que dans cette cuisine tu reconnaitrais ces images. Cette nymphette par exemple. Hélène a trouvé cette image dans une brocante. Elle la suit. De cuisine en cuisine. J'aime bien cette image. Un mur. Un tuyau. Un broc. Une coupe de fruits. Une fenêtre. La rue. Un rideau blanc. Et là contre ce mur, une autre image, la mère d'Hélène. Elle était jolie. On dirait une actrice de cinéma.

Tu peux filmer les nuages. Tu colles ton téléphone sur la vitre de ton hublot ou sur celle du hublot de ton voisin, ton voisin de derrière. Et tu fais attention à ne pas trop trembler. Parce que tu as peur. Parce que tu sais que c'est interdit. C'est interdit de filmer les nuages. C'est interdit aussi de filmer avec ton téléphone dans la rue lors d'une manifestation par exemple. Tu trembles un peu et tu ne sais pas de quoi tu as peur. Peur d'être ridicule ici dans cet avion. Peur que l'on te prenne ton téléphone. Peur d'aller en prison, parce que tu as filmé des nuages, des poings levés. En tout cas, tu as peur et tu trembles. Mais il y a une chose que tu sais. Quand tu appuieras sur le bouton de fin d'enregistrement, tu seras la plus heureuse des femmes, le plus heureux des hommes. Parce que ces images t'appartiendrons. Tu auras eu peur pour rien et tu recommenceas des dizaines de fois dans d'autres situations. Parce que tu sais bien au fond de toi que c'est impossible de nous interdire de filmer les nuages.

Tu peux filmer une amie se déshabiller. Tu peux demander à une amie qui doit te rendre un bouquin de venir chez toi. Tu peux filmer une amie. Et puis, comme tu n'as pas envie d'être là, tu peux poser discrèetement ton téléphone sur une chaise. Et puis, tu appuieras sur le bouton d'enregistrement. Toi tu compteras tout haut et tu lui diras quand c'est terminé, qu'elle peut se rhabiller.

Tu peux filmer le sexe d'un voisin. Enfin, tu peux demander à un voisin de filmer son sexe. Tu lui prêtes ton téléphone. Tu lui explique comment ça marche. Qu'il prenne son emps. Tu lui expliques que c'est juste pour un essai. Et puis, tu lui donnes une indication, tu lui demandes de filmer son sexe pendant qu'il débande. Lui te dit qu'il ne filmera pas son visage. Ces images, lui semble-t'il seront de bien meilleur qualité. Tu t'en fous pas mal de la qualité de l'image. Ce qui t'intéresse, c'est de comprendre cet objet là, juste au bout du bras. Avec l'impression d'être née avec. De ne plus pouvoir s'en passer. De ne plus pouvoir s'en séparer.

 

 

La circulation des images numériques
Rencontre avec Agnès de Cayeux et Bernard Stiegler

Centre pompidou à l'occasion du Festival Pocket Films et la diffusion du film Level7, intime
8 octobre 2006

Ce que je ne sais pas
Quant à la circulation des images
(AdC)
J'aime regarder les images circuler. Je perçois les pratiques actuelles sur les réseaux comme la préfiguration intelligente et sensible de notre propre évolution. Ce geste banal. Celui de l'amateur précisément qui dépose peu à peu la syntaxe relationnelle à venir - sociale et identitaire.

Nous devons habiter ces zones du réel et nous devons en activer les mouvements d'oscillations. Nous avons la chance de pouvoir vivre cette mutation. Nous devons regarder TF1 comme Chloé Delaume, nous devons traverser ces réseaux comme nos propres territoires réels, si réels. Nous ne pouvons pas aujourd'hui nous abstraire de ceux-ci. Nous menons un combat singulier : celui d'affirmer le fait que nous n'y comprenons rien.

Lorsqu'à partir de cette année 1996, je commence à habiter les réseaux, j'observe et plus précisément sur les chambres de rencontres vidéo-chat, j'observe donc l'autre, l'amateur et note minutieusement ses pratiques. Je mène des expériences avec lui, je suis lui et moi. Et je vois l'autre dans ce geste banal s'emparer des outils et les détourner de leurs fonctionnalités, inventer une grammaire relationnelle, un jeu identitaire, des règles, des fondements, que sais-je ? Je le regarde se définir peu à peu dans ce territoire mouvant comme un être mutant. Ces amateurs-là expriment leurs devenirs, leur mutation - la nôtre - leur manière d'exister ailleurs socialement et intimement. Leur manière d'être lui et lui et moi et tous les autres . Et ceci librement.

Puis, il y a eu ce phénomène des blogs, de cette manière de s'exposer, de se mettre en scène, de se donner à voir, à lire, de cette exhibition radicale des corps et des mots. Un autre jeu identitaire. Une autre circulation des images que j'aime à regarder mais qui me lasse parfois, car je la trouve très narcissique et éloignée des enjeux de ce territoire des réseaux.

Et depuis peu, ces plates-formes comme youtube ou myspace. De cette circulation à outrance des images.

Je ne me lasse pas d'observer certains de leurs acteurs dans ce geste précis du désir de soi et lui et moi. Cette envie-là de l'accessibilité de l'autre à soi me touche parce que je la crois libre. J'espère qu'il s'agit ici d'un instant possible d'expression de soi et moi et lui qui participe de la compréhension de notre nouvelle identité dans ces zones du réel.

Sur ces plates-formes et quant à ce second geste qui consiste à numériser, stocker et proposer à tous et librement des émissions, des discours politiques, des concerts, je le vois comme le geste d'un collectionneur, d'un adolescent, d'une personne engagée souhaitant partager une une obsession, une conviction, une précision. Cet accès libre à l'information me plaît à outrance.

Quant à l'intrusion de channels de publicité sur ces plates-formes pour la vente du premier album de cette jeune starlette Paris Hilton, par exemple, je ne m'y intéresse pas, Cette proposition est outrageusement criante, je ne l'aime pas.

Et puis ce phénomène nommé happy slapping, tant et tant médiatisé. Mais dont il faut parler à outrance sans doute. J'y perçois l'expression d'une grande maîtrise des outils et de la connaissance précise des réseaux par nos gosses. D'un réseau à un autre librement.

Mais il y a ce truc qui m'effraie et que je n'aime pas : la non-circulation des images, des médias. La normalisation des canaux de diffusion des « contenus ». Ces infrastructures naissantes qui opéreront sur un très haut débit, notre future Ville 3.0 ? là où nous ne pourrons plus habiter moi, toi et tous les autres.

Agnès de Cayeux - octobre 2006

   
           
L'EFFONDREMENT A DEJA EU LIEU*