Repérages-Groenland

juillet 8, 2011

The Data Center

Enregistré dans : Groenland mon amour — agnes @ 10:01 pm

Aujourd’hui, j’ai regardé le Data Center de l’image prise du ciel. Je m’en suis approchée.

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Quelques pistes pour la proposition du projet pour Jean-Francois :

Si nous devions écrire l’expérience de fabrication d’un spectacle de Peyret, ses comédiens et ses complices, nous serions bien en peine d’en retracer la gestation. Nous chercherions dans nos mémoires vives ou non encore mortes d’ou ces rêveries ont été activées pour le meilleur et pour le pire. Nous douterions de chacun de nos souvenirs au sujet de chacune de ces dérives annoncées. D’ou vient cette scène de la petite goutte ? d’ou est apparu la femme à la tête flanquée dans le choux-fleur ? qu’est-ce à dire ou à percevoir d’une scène d’amour inspirée de nos neurones miroirs ? d’ou le ver (de terre) s’octroie un tel rôle ?
Quelle est donc la nature de cette folie créatrice qui s’empare des comédiens de Peyret ?
Comédiens, ou plus justement acteurs d’une pensée livrée on ne sait comment, par magie ou par alchimie des rencontres. Rencontre avec les partitions de Peyret - une espèce en voie de disparition : des textes, des actualités, des témoignages, des faits divers et des notes - partitions composées de mille et une page et s’incrémentant chaque jour ouvré d’une nouvelle version. Rencontre avec les chercheurs et penseurs, témoins d’un seul et unique soir ou bien complices vertébrés de cette longue épopée des répétitions. Rencontre et plus si affinités avec les uns qui scénographient l’espace et le temps de cette pensée, avec les autres qui en déjouent les corps et les visages. Avec ceux qui en modélisent la note ou la voix. Rencontre enfin avec la technologie, ces temps de latence, ces temps d’attente de la technicité, ces tests incessants. De cette technologie qui inverse l’exercice du comédien et qui, avec grâce, nous embarque ailleurs, sans même que nous nous en doutions.
Comment écrire l’exercice de fabrication d’un spectacle de Peyret sans réduire l’archive à l’expérience de la mémoire, tant subjective, ou bien à un retour à l’origine, si archaïque ?
Certes, il persistera, par extrême bonheur et contre toute démarche préconçue, l’expérience du spectateur venu par hasard se réchauffer dans une salle de théâtre après les fêtes de la Toussaint et non loin d’ailleurs du cimetière du Père Lachaise.
La drosophile
Du choix de la bestiole, nous nous attacherons à la drosophile (du grec drosos : la rosée et philos : qui aime). Animal non politique, insecte dénommé « mouche du vinaigre », considéré comme domestique, et comportant plus de 400 espèces. Elle, la drosophile, doit sa célébrité à sa facilité d’élevage qui en fait une espèce modèle dans la recherche en génétique (dixit notre encyclopédie libre et partagée que nous pouvons améliorer). Et ailleurs, nous lisons que la drosophile se reconnaît à son corps brun, d’un à deux millimètres, et à ses antennes paraissant pectinées, aux soies fourchues.
Le tour est joué, nous avons déjà notre bestiole, attachante et néanmoins célèbre, soufflée par Peyret et ses acolytes en toute première discussion in situ au Collège de France ce soir du dimanche 26 juin 2011. Génome oblige, celui de la drosophile la plus connue, Drosophila Melanogaster, est aujourd’hui entièrement séquencé et annoté. Il a une taille d’environ 180 mégabases, distribuées sur 4 paires de chromosomes. Il code environ 15000 gènes.
La drosophile et son espace autre
Alors donc cette bestiole, la drosophile, et son cimetière du Père L., il s’agit à présent de leur trouver un espace autre, utopique ou hétérotopique. Pour le plaisir de plagier Deleuze, « juxtaposons en un seul lieu réel plusieurs espaces, plusieurs emplacements qui sont en eux-mêmes incompatibles. C’est ainsi que le théâtre fait succéder sur le rectangle de la scène toute une série de lieux qui sont étrangers les uns aux autres ; c’est ainsi que le cinéma est une très curieuse salle rectangulaire, au fond de laquelle, sur un écran à deux dimensions, on voit se projeter un espace à trois dimensions ; mais peut-être est-ce que l’exemple le plus ancien de ces hétérotopies, en forme d’emplacements contradictoires, l’exemple le plus ancien, c’est peut-être le jardin ». Ajoutons à la scène du théâtre et à celle du cinéma, celle des mondes virtuels : c’est ainsi que les mondes virtuels se font se succéder curieusement une série d’écrans étrangers les uns aux autres, salles contradictoires et incompatibles.
Nous restituerons donc l’exercice de la fabrication du spectacle de Peyret in vitro sur l’espace utopique et hétérotopique d’un monde virtuel, celui-ci sera habité par la classe des insectes de l’ordre des Diptera, du sous-ordre des Brachycera, de l’infra-ordre des Muscomorpha et de la famille et sous-famille des Drosophilinae. Dans cet espace autre, nous modéliserons en premier lieu un cimetière. Non loin, nous y déposerons un tapis, à défaut d’un jardin, le tapis étant à l’origine, une reproduction de jardin, hétérotopie oblige. Nous laisserons de coté les maisons de retraite et closes évoquées par Deleuze.
Ce qu’il serait assez plaisant également, c’est de pouvoir reproduire ce hangar conditionné, ce temple des archives de l’abbaye de l’Imec dans cet espace autre. Il y aurait une mouette qui survolerait l’abbaye.
Il s’agirait aussi de copier-coller les lieux-dits des mondes virtuels, à savoir ces magasins, emplis de costumes, d’accessoires, de shape (corps) et skin (peau) en tout genre.
Il nous faudrait de plus un petit théâtre, ce serait la moindre des choses.
La drosophile, son espace autre et la girafe de Félix
Dans son texte, « Le cinéma, la grand-mère et la girafe », Félix Guattari donne à voir la folie ou l’image de la folie (cinématographique) et évoque la mort du cinéma ainsi : C’est comme si tu t’amenais avec une girafe dans un parking. Disons qu’il nous manque la girafe dans notre espace autre, c’est-à-dire le comédien, l’acteur de l’image sans image. Car il n’y aura pas d’image dans In vitro. Alors donc, l’acteur et sa girafe y seront présents. De quelle sorte ? S’y reconnaitront-ils d’ailleurs ?

Il nous faut un parking pour la girafe de Félix, c’est la moindre des choses.C’est un monde virtuel, une ile, composée d’un cimetière, d’un tapis représentant un jardin, d’un petit théâtre, d’un hangar aux archives de l’Imec, d’un magasin et d’un parking. Il y coexisterait des drosophiles, des girafes et des acteurs d’In vitro. Un morse (femelle) s’y serait perdue peut-être, aboyant son petit. Une mouette s’y serait égarée. Dans cet espace autre, nous pourrions avoir accès, d’une manière ou d’une autre, aux enregistrements des répétitions, aux confidences des uns et des autres, aux partitions… et bien entendu à l’article 16-4 du code civil et ses alinéas. Sans oublier une paroi mobile de 7,50m sur 3,20 m.
(…)

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Data Center de Nuuk et ses antennes satellites ?

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