Repérages-Groenland

août 12, 2011

étrangère

Enregistré dans : Groenland mon amour — agnes @ 12:26 am

Ce n’est pas simple d’être là, au Groenland. De tenter d’y résider discrètement, secrètement ou si simplement. L’absence de regards ou la profusion de rires offre des signes éloquents de ce qu’il reste de marques de l’étranger passé ici un jour de grand vent et qui ne repartira sans doute jamais. Cette absence du regard, cette transparence intransigeante que rien ne peut atteindre, cette sorte de paroi infranchissable de l’un vers l’autre écrivent peut-être l’histoire de l’acceptation des règles dictées par l’autre, de cet ennui prononcé par le royaume du Danemark. Aucune entrée de femmes étrangères, pas d’alcool, pas de maladie, un autre langage, de la rigueur. Et cette profusion du rire, cet à-côté partagé, ce semblant vivre ensemble, cette manière unique de sortir de son corps ou de sa pensée annotent sensiblement l’expérience douloureuse d’être sans cesse observé, disséqué comme un sujet ou une bête curieuse. De l’âme groenlandaise, de ce beau peuple et son beau pays.
Le colon et l’ethnologue ont réussi à paramétrer une valeur exponentielle à cette notion de l’étranger. Ce qui est étonnant est cette capacité à continuer de recevoir l’autre trouant leur calotte glaciaire de quelques milliers de mètres en ces utiles forages, débarquant d’un village à l’autre avec le seul désir de recueillir une peau de bête, une danse du tambour ou une griffe d’ours, conférant un savoir powerpoint sur le futur climatique, l’avenir du bon hunter et du merveilleux fisherman.
Toujours est-il qu’il n’est pas simple d’être ici.

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