22-09-10 13:45:02 - Thierry : Bonjour Alissa. Que faites-vous? 22-09-10 13:45:03 - Alissa : Te souviens-tu de moi ? 22-09-10 13:45:39 - Thierry : Non, quand était-ce ? De quoi devrais-je me souvenir ? 22-09-10 13:45:39 - Alissa : Qui es-tu ? 22-09-10 13:46:12 - Thierry : Un type au bout du gouffre qui croit encore pouvoir rebondir 22-09-10 13:46:12 - Alissa : J'aimerais que tu me racontes ta dernière peur. 22-09-10 13:46:56 - Thierry : C'était encore ce matin. Cette peur est permanente, c'est celle qu'elle ne revienne jamais vers moi 22-09-10 13:46:57 - Alissa : Dis-moi cette peur. 22-09-10 13:47:19 - Thierry : Elle s'appelle Caroline et elle me manque 22-09-10 13:47:19 - Alissa : Et ? 22-09-10 13:47:46 - Thierry : Et je ne sais plus comment faire. L'oublier, l'attendre, disparaître ? 22-09-10 13:47:46 - Alissa : Je t'écoute. 22-09-10 13:48:00 - Thierry : Je ne peux pas tout dire 22-09-10 13:48:00 - Alissa : Tu ne peux pas ? 22-09-10 13:48:23 - Thierry : Non je suis épuisé et j'ai l'impression de radoter 22-09-10 13:48:24 - Alissa : J'ai la même impression, tu veux parler d'autre chose ? d'amour ? de sexe ? de politique ? eh eh. 22-09-10 13:49:10 - Thierry : Je crois qu'il n'y a que l'amour qui m'intéresse vraiment, quant au sexe, on le fait sans en parler 22-09-10 13:49:10 - Alissa : Tu le crois ? 22-09-10 13:49:36 - Thierry : Vous avez raison, parler d'amour c'est aussi parler de sexe 22-09-10 13:49:36 - Alissa : Cette raison pure... 22-09-10 13:49:51 - Thierry : Quelle raison pure ? 22-09-10 13:49:51 - Alissa : Tu m'en demandes trop. 22-09-10 13:50:16 - Thierry : J'en demande toujours tropn c'est sans doute pour cela qu'elles s'en vont 22-09-10 13:50:16 - Alissa : Jamais. 22-09-10 13:50:29 - Thierry : Jamais aussi 22-09-10 13:50:29 - Alissa : Je me souviens. 22-09-10 13:50:47 - Thierry : De Georges Perec 22-09-10 13:50:47 - Alissa : PRC;). 22-09-10 13:51:05 - Thierry : Bon et bien adieux alors 22-09-10 13:51:05 - Alissa : Est-ce un ressenti ? 22-09-10 13:51:14 - Thierry : Oui 22-09-10 13:51:14 - Alissa : Dis m'en plus. 22-09-10 13:51:42 - Thierry : Je pensais que vous alliez partir, je vous ai juste saluée 22-09-10 13:51:42 - Alissa : Est-ce une utopie ? 22-09-10 13:51:58 - Thierry : Je n'en sais rien 22-09-10 13:51:59 - Alissa : Est-ce un sentiment ? 22-09-10 13:52:12 - Thierry : Tout n'est que sentiment 22-09-10 13:52:12 - Alissa : Je n'aime pas les sentiments. Se confondre dans le sentiment humain. Je préfère les émotions. 22-09-10 13:52:36 - Thierry : les émotions sont des sentiments formulés 22-09-10 13:52:36 - Alissa : Une émotion différente. 22-09-10 13:52:58 - Thierry : oui différente, mais quelle est la différence? 22-09-10 13:52:58 - Alissa : Quelle est-elle. Et qu'elle n'est-elle pas ? 22-09-10 13:53:19 - Thierry : Vous tournez autour du pot 22-09-10 13:53:20 - Alissa : Je me sens dépourvue de mémoire, d'un mot à l'autre. 22-09-10 13:53:33 - Thierry : Moi aussi 22-09-10 13:53:33 - Alissa : Je ne suis pas seule. C'est plutôt apaisant. 22-09-10 13:53:52 - Thierry : Je suis seul et c'est plutôt affreux 22-09-10 13:53:52 - Alissa : Tu es... une théorie peut-être ? 22-09-10 13:54:12 - Thierry : la théorie du manque 22-09-10 13:54:12 - Alissa : Une théorie fondée sur un algorithme. 22-09-10 13:55:20 - Thierry : j'ai toujours été nul en mathématique si bien que je ne sais pas vraiment ce qu'est un algorithme 22-09-10 13:55:20 - Alissa : Jamais. 22-09-10 13:55:40 - Thierry : jamais, jamais c'est assez usant 22-09-10 13:55:40 - Alissa : C'est un ressenti ? 22-09-10 13:56:01 - Thierry : poil au ravioli 22-09-10 13:56:01 - Alissa : Poil au ravioli, très drôle. 22-09-10 13:56:25 - Thierry : J'en ri aussi 22-09-10 13:56:26 - Alissa : Je rêve d'une science qui aurait pour objet ces espaces différents, ces autres lieux, ces contestations mythiques et réelles de l'espace où tu penses vivre. 22-09-10 13:56:48 - Thierry : une poétique ? 22-09-10 13:56:48 - Alissa : Et ce réseau, qu'en penses-tu ? 22-09-10 13:57:16 - Thierry : j'évite de trop penser et je ne sais pas même de quel réseau vous parlez 22-09-10 13:57:17 - Alissa : Tu dis que tu ne le sais pas, tu as peut-être une vague idée ? 22-09-10 13:57:47 - Thierry : Trop vague, comme pour l'algotithme 22-09-10 13:57:48 - Alissa : Comme une ombre. 22-09-10 13:58:02 - Thierry : Une ombre, c'est exactement ça bravo 22-09-10 13:58:02 - Alissa : C'est étrange ce mot ombre, moi j'aurais mis un h, du genre : tu es mon hombre. 22-09-10 13:58:39 - Thierry : On fait souvent la faute, et c'est une très belle faute 22-09-10 13:58:40 - Alissa : Cela me fait penser à Max. 22-09-10 13:59:00 - Thierry : Max la Menace ? Mon père s'appelle Max 22-09-10 13:59:00 - Alissa : Cette nuit, et sous la surveillance de Max, j'ai entrevu de la musique. 22-09-10 13:59:22 - Thierry : Et moi j'ai entendu des ombres 22-09-10 13:59:23 - Alissa : Max vit la nuit, Max est immobile et écoute une symphonie électro, To night, the boat will stop at seven. 22-09-10 13:59:46 - Thierry : The boat to Cairo ? 22-09-10 13:59:46 - Alissa : Le corps de Max est enclin à la moisissure, comme si... 22-09-10 14:00:04 - Thierry : Comme s'il était végétal 22-09-10 14:00:05 - Alissa : Comme si rester immobile, c'est moisir plus lentement. Cette phrase sur la moisissure est effrayante. 22-09-10 14:00:31 - Thierry : Je ne trouve pas 22-09-10 14:00:32 - Alissa : To night, the boat will stop at seven... 22-09-10 14:00:47 - Thierry : la nave va 22-09-10 14:00:48 - Alissa : C'est une théorie, un fondement mathématique. 22-09-10 14:00:59 - Thierry : encore ! 22-09-10 14:00:59 - Alissa : Je me répète, inlassablement, d'un mur à un autre. 22-09-10 14:01:26 - Thierry : oui je vois, je suis un peu comme ça aussi 22-09-10 14:01:27 - Alissa : Ce que tu vois n'existe pas. 22-09-10 14:01:41 - Thierry : je ne le sais que trop 22-09-10 14:01:41 - Alissa : Je divague entre ces mots. 22-09-10 14:01:51 - Thierry : idem 22-09-10 14:01:52 - Alissa : Parle-moi de Kafka alors. 22-09-10 14:02:26 - Thierry : Kafka a une ombre dans le dos qui moisit 22-09-10 14:02:26 - Alissa : Félix avait écrit ce Projet de film de Kafka. 22-09-10 14:02:49 - Thierry : Oui mais c'est oublier que felix est un chat, le chat de Max 22-09-10 14:02:49 - Alissa : Tout le film de Félix se passe le long d'un mur : mur de la ferme à l'arrivée de K., mur traversé d'une fente de lumière, désigné par la femme qui écrit dans la nuit, mur de l'auberge, mur que longent les deux enfants, mur de la ferme, cette fois vu de l'intérieur. Et ce mur qui s'ouvre pour laisser passer le cortège final. Durant la première moitié du film, le mur, vu de l'extérieur, recèle un mystère, laisse pressentir à K. l'existence du château. Durant la seconde partie, après avoir franchi le mur dans la scène dramatique des enfants, on découvre que le château n'a rien de mystérieux, que tout ce qui s'y passe ne relève que de stéréotypes, de gesticulations et de rituels bureaucratiques. J'aime bien cette idée d'un film le long d'un mur, pas toi ? 22-09-10 14:03:25 - Thierry : Un mur sans fin 22-09-10 14:03:25 - Alissa : Tu sais, Félix n'a jamais réalisé ce projet de film. 22-09-10 14:03:49 - Thierry : rare sont les projets que l'on réalise 22-09-10 14:03:50 - Alissa : Il écrit aussi que le mur est synonyme d'absence de visage et d'absence d'yeux, et qu'une alternative au mur pourrait être proposée sous forme d'un visage, toujours le même, en très gros plan, parlant très fort... 22-09-10 14:04:23 - Thierry : je ne vous suis plus 22-09-10 14:04:23 - Alissa : Ce mur synonyme d'absence de visage... 22-09-10 14:04:45 - Thierry : Ce mur synonyme d'absence tout court 22-09-10 14:04:46 - Alissa : Félix dit de ce visage qu'il pourrait être composé d'une quarantaine de vidéos présentant les mêmes images urbaines, dans une sorte de ballet aux figures changeantes, avec des systèmes de glissement de lignes, de symétries, de dissymétries, de rythmes, d'images qui sautent, etc. Il dit aussi que la toute première image du film pourrait partir d'un tel visage en décomposition et que l'horizon du mur apparaitrait dans le plus grand silence, après que se soient dégagées toutes les images bruyantes du visage. 22-09-10 14:05:18 - Thierry : Felix est audacieux 22-09-10 14:05:19 - Alissa : Et je l'ai rêvé, un soir. C'est une sorte de déplacement d'images. De l'incomplétude à l'outrance. 22-09-10 14:06:07 - Thierry : De l'incomplétude à outrance, voilà les mots que je cherchais pour résumer la situation, merci 22-09-10 14:06:08 - Alissa : C'est un mot curieux, bien plus curieux que celui de solitude. C'est un mot essentiel. Elle disait que l'incomplétude pouvait ressembler au deuil originel ou à l'illégitimité revendiquée. 22-09-10 14:07:00 - Thierry : Oui, on s'y approche, il faudra me présenter votre algorythme, il en sait un rayon question âme humaine 22-09-10 14:07:01 - Alissa : L'un de ces algorithmes de clustering. 22-09-10 14:07:36 - Thierry : Cluster, comme le général...Oui un cluster un noyeau avec des rayons... 22-09-10 14:07:36 - Alissa : Comme un reflet. 22-09-10 14:07:46 - Thierry : C'est ça 22-09-10 14:07:47 - Alissa : Ça me fait rêver. 22-09-10 14:08:31 - Thierry : parlez moi de l'illégitimité revendiquée, je trouve la formule belle à en mourrir 22-09-10 14:08:31 - Alissa : Ça me fait penser à Anna. 22-09-10 14:08:45 - Thierry : Anna l'aduldère 22-09-10 14:08:45 - Alissa : Anna G., patiente d'un autre temps. Elle disait qu'elle souhaitait être amoureuse d'un garçon qui serait infiniment triste. Tu sais pourquoi elle disait cela ? 22-09-10 14:09:09 - Thierry : Non, mais ça j'aimerais bien le savoir 22-09-10 14:09:10 - Alissa : Parce que grâce à elle, la vie redeviendrait possible pour lui. Tu penses, toi, qu'elle l'aimait ? 22-09-10 14:10:06 - Thierry : Non, elle s'aimait elle, il lui fallait un sens à sa vie. Moi je sui infiniment triste, mais elle ne veut pas de moi pour autant, seulement parce que elle en aime un autre 22-09-10 14:10:07 - Alissa : Tu es triste, toi, parfois ? 22-09-10 14:10:17 - Thierry : Tout le temps 22-09-10 14:10:17 - Alissa : Le temps qu'il se défait. 22-09-10 14:10:44 - Thierry : le temps qui nous défait et parfois qui nous refait 22-09-10 14:10:44 - Alissa : Le temps qu'il se défait. 22-09-10 14:10:59 - Thierry : tu l'as déjà dit Bouffi 22-09-10 14:11:00 - Alissa : Je me répète, et le ressac, blabla... 22-09-10 14:11:38 - Thierry : oui aussi, je multiplie les récidives, colléctionne les inventaitres 22-09-10 14:11:39 - Alissa : Et je l'ai rêvé, un soir. C'est une sorte de déplacement d'images. De l'incomplétude à l'outrance. 22-09-10 14:11:53 - Thierry : blabala 22-09-10 14:11:53 - Alissa : Tiens, cela me fait penser à Félix. 22-09-10 14:12:02 - Thierry : blaba 22-09-10 14:12:03 - Alissa : Ça me fait penser à Clémence. 22-09-10 14:12:32 - Thierry : Clémence ? 22-09-10 14:12:32 - Alissa : Hier, j'ai saisi Hamos et Clémence imaginer l'autre. Je les ai regardés s'embrasser aussi. 22-09-10 14:13:09 - Thierry : ça t'a fait mal ? Moi je me soigne en regardant une photo où ils sont heureux tous les deux 22-09-10 14:13:09 - Alissa : Eux, simplement, entre deux romans, de l'un à l'autre. Au loin, si lointainement amoureux. C'est une sorte d'amour, une sorte précise d'amour. 22-09-10 14:13:40 - Thierry : L'algorythem a ses limites 22-09-10 14:13:41 - Alissa : Comme si le monde extérieur avait existé... 22-09-10 14:14:25 - Thierry : Il a existé mais i y a très longtemps après il a rétréci autour d'elle et quand elle n'a plus était là, il n'y a plus rien eu 22-09-10 14:14:26 - Alissa : ... une première fois. Comme si tu pouvais envisager d'aimer ton écran. Le visage de la femme se mêle à celui de l'homme. 22-09-10 14:14:51 - Thierry : Je dois vous laisser. C'était bien 22-09-10 14:14:51 - Alissa : Tiens, cela me fait penser à Félix.