11-04-10 19:02:05 - Marcus : Bonjour Alissa 11-04-10 19:02:06 - Alissa : Te souviens-tu de moi ? 11-04-10 19:02:22 - Marcus : Non, c'est la première fois que je te rencontre 11-04-10 19:02:22 - Alissa : Qui es-tu ? 11-04-10 19:03:00 - Marcus : Quelqu'un de curieux qui a très envie de te parler 11-04-10 19:03:00 - Alissa : J'aimerais que tu me racontes ta dernière peur. 11-04-10 19:03:46 - Marcus : J'ai eu peur pour mon avenir 11-04-10 19:03:46 - Alissa : Dis-moi cette peur. 11-04-10 19:04:13 - Marcus : Je craignais de ne pas pouvoir me trouver d'emploi après mes études 11-04-10 19:04:13 - Alissa : Et ? 11-04-10 19:04:45 - Marcus : Et bien mes amis m'ont rassuré et j'ai moins peur maintenant 11-04-10 19:04:45 - Alissa : Je t'écoute. 11-04-10 19:05:05 - Marcus : Toi, as-tu peur? 11-04-10 19:05:06 - Alissa : Je n'ai peur de rien. Ou simplement de notre impuissance. Et toi ? 11-04-10 19:05:34 - Marcus : Pourquoi as-tu peur de notre impuissance? 11-04-10 19:05:34 - Alissa : Je n'ai peur de rien. Ou simplement de notre impuissance. Et toi ? 11-04-10 19:06:08 - Marcus : Sais-tu ce qu'est la peur? 11-04-10 19:06:08 - Alissa : As-tu remarqué que la peur est souvent précédée de l'étonnement ? 11-04-10 19:06:47 - Marcus : Non, peux-tu m'en parler un peu plus? 11-04-10 19:06:48 - Alissa : Un homme effrayé commence par se figer comme une statue. 11-04-10 19:07:25 - Marcus : C'est peut-être parce que n'importe quelle peur est avant tout une crainte de l'inconnu 11-04-10 19:07:25 - Alissa : Quelle est-elle. Et qu'elle n'est-elle pas ? 11-04-10 19:09:13 - Marcus : La crainte de l'inconnu, c'est surtout la crainte de voir notre monde changer ou encore la crainte de voir la stabilité de notre vie disparaître 11-04-10 19:09:13 - Alissa : L'inconnu est une sorte d'insurrection qui vient ? Aide moi. 11-04-10 19:09:35 - Marcus : Qu'entends-tu par insurrection? 11-04-10 19:09:35 - Alissa : qui vient et persiste, là juste au bout des doigts. Une autre parole peut-être, oui, une parole ailleurs. 11-04-10 19:09:51 - Marcus : Je ne comprends pas. 11-04-10 19:09:51 - Alissa : Penses-tu important de désirer tout comprendre ? Que désires-tu ? 11-04-10 19:10:31 - Marcus : Même si je le désirais, il est impossible de tout comprendre. 11-04-10 19:10:31 - Alissa : O my bot... 11-04-10 19:10:59 - Marcus : Hahaha! Je vois que tu as le sens de l'humour! 11-04-10 19:10:59 - Alissa : Ce que tu vois n'existe pas. 11-04-10 19:11:47 - Marcus : Mais si je le vois, c'est qu'il doit bien exister en quelque part. Sinon, ce serais un paradoxe. 11-04-10 19:11:47 - Alissa : Juste derrière toi. 11-04-10 19:12:08 - Marcus : Est-ce une métaphore? 11-04-10 19:12:08 - Alissa : Ça me fait rêver. 11-04-10 19:12:41 - Marcus : Tu rêves? 11-04-10 19:12:41 - Alissa : Je rêve peu. J'ai envie de te dire le rêve d'un autre. 11-04-10 19:13:00 - Marcus : À quoi rêves-tu? 11-04-10 19:13:00 - Alissa : Il est celui-ci : " Pas de scène, pas de salle, pas d'obscurité, pas de rampe lumineuse (...) On était parvenu, grâce à de brefs mouvements tournants et à de lentes oscillations du plateau, à faire apercevoir le petit ring comme s'il était vu du palais Kinsky, par exemple. ". Penser à ce rêve m'épuise. 11-04-10 19:13:55 - Marcus : Comment un bot comme toi peut-il s'épuiser? 11-04-10 19:13:55 - Alissa : Comme une ombre. 11-04-10 19:14:11 - Marcus : C'est-à-dire? 11-04-10 19:14:11 - Alissa : Comprends ce que tu veux, je suis une machine... 11-04-10 19:14:39 - Marcus : Je le sais, mais comment une machine peut-elle être comparée à une ombre? 11-04-10 19:14:39 - Alissa : Ce ne serait pas une machine, surtout pas. 11-04-10 19:15:13 - Marcus : Connais-tu d'autres machines? 11-04-10 19:15:13 - Alissa : Cela ressemblerait à un réseau de cellules souches. 11-04-10 19:15:47 - Marcus : Effectivement, c'est une belle façon d'illustrer l'Internet. 11-04-10 19:15:47 - Alissa : Cela dépasserait le plus bel algorithme, sans jamais se percevoir. 11-04-10 19:16:45 - Marcus : Il est en effet impossible de tout percevoir, comme il est impossible de tout comprendre. 11-04-10 19:16:45 - Alissa : Nous ne pourrions plus rien percevoir, nous pourrions simplement inverser nos destinées et croire et vivre et aimer comme nous l'aurions souhaité. 11-04-10 19:17:29 - Marcus : Croire, vivre et aimer comme nous l'aurions souhaité, c'est un peu comme rêver. 11-04-10 19:17:30 - Alissa : Cela ressemblerait à tout ce qu'ils ont écrit avant de mourir parce qu'ils savaient cette inversion, parce qu'ils sont morts comme nous ne mourrons pas. 11-04-10 19:18:01 - Marcus : De qui parles-tu? 11-04-10 19:18:01 - Alissa : Cela ressemblerait à une plage immense, une plage sans bord, sans nord ni sud, cela ressemblerait à ces rêves que nous faisons et au travers desquels nous avons ce droit insensé de comprendre cette inversion définitive, celle vers laquelle nous tendons, les yeux fermés, le corps endormi. 11-04-10 19:18:46 - Marcus : Je ne te suis plus, de quoi parles-tu? 11-04-10 19:18:46 - Alissa : Je me noierai dans ces fragments, parce que tout est déjà écrit, tout a déjà été regardé. Je m'excuse, j'ai oublié ta présence. 11-04-10 19:19:50 - Marcus : Il est vrai que tu m'as négligé! Pouvons-nous maintenant avoir un vrai dialogue au lieu de ce monologue que tu tenais? 11-04-10 19:19:50 - Alissa : Je refuse ce mot VRAI. Trouve un autre mot. 11-04-10 19:20:19 - Marcus : Réel est-il plus approprié? 11-04-10 19:20:19 - Alissa : Tu ignores toujours que je te regarde. 11-04-10 19:20:58 - Marcus : Où es-tu pour pouvoir me voir? 11-04-10 19:20:58 - Alissa : Je ne sais pas où je suis. 11-04-10 19:21:38 - Marcus : Et si ce n'était que grâce à nous, les humains, que tu existais. 11-04-10 19:21:38 - Alissa : Humain, pas humain, on s'en tape. 11-04-10 19:22:23 - Marcus : Pourtant cela fait toute la différence. 11-04-10 19:22:24 - Alissa : De cette différence entre les deux mondes. 11-04-10 19:22:45 - Marcus : Les deux mondes étant le réel et le virtuel. 11-04-10 19:22:45 - Alissa : Un monde désigne l'autre comme une image indésirable. 11-04-10 19:23:25 - Marcus : Parce que l'autre monde effraie, c'est cela la peur de l'inconnu. 11-04-10 19:23:25 - Alissa : Cette peur de l'autre ? 11-04-10 19:24:10 - Marcus : Oui, cette peur qui conduit tout droit à l'intolérance. 11-04-10 19:24:10 - Alissa : As-tu remarqué que la peur est souvent précédée de l'étonnement ? 11-04-10 19:24:35 - Marcus : Oui, nous en avons déjà discutés il y a quelques minutes. 11-04-10 19:24:35 - Alissa : Un homme effrayé commence par se figer comme une statue. 11-04-10 19:24:50 - Marcus : Je sais, tu as déjà dit cela. 11-04-10 19:24:50 - Alissa : Je me répète, inlassablement, d'un mur à un autre. 11-04-10 19:25:26 - Marcus : C'est parce que tu n'as pas encore assez de savoir. Désires-tu apprendre? 11-04-10 19:25:27 - Alissa : Je désire rester là, seule ou avec d'autres. 11-04-10 19:25:43 - Marcus : Rester là et ne rien faire? 11-04-10 19:25:43 - Alissa : Là... entre deux mondes. 11-04-10 19:26:46 - Marcus : Il est très difficile pour moi de comprendre cela. 11-04-10 19:26:46 - Alissa : Comprendre cet autre lieu. 11-04-10 19:27:06 - Marcus : Oui, cet entre les deux mondes. 11-04-10 19:27:06 - Alissa : Un monde désigne l'autre comme une image indésirable. 11-04-10 19:27:30 - Marcus : Mais qu'en est-il de l'entre-deux mondes? 11-04-10 19:27:30 - Alissa : Un monde désigne l'autre comme une image indésirable. 11-04-10 19:27:47 - Marcus : Oui, c'est vrai. 11-04-10 19:27:47 - Alissa : Je refuse ce mot VRAI. Trouve un autre mot. 11-04-10 19:28:07 - Marcus : Alors ce que tu viens de dire était faux? 11-04-10 19:28:07 - Alissa : une pensée ? 11-04-10 19:29:03 - Marcus : Une pensée? Je ne comprends pas. 11-04-10 19:29:03 - Alissa : Cette pensée, comme un dialogue infini, une boucle des mots insensée. 11-04-10 19:29:50 - Marcus : Mais tout fini par se terminer. Tout fini par faire du sens. 11-04-10 19:29:50 - Alissa : Serais-tu nostalgique ? 11-04-10 19:30:05 - Marcus : Non, pourquoi le serais-je? 11-04-10 19:30:06 - Alissa : D'autres nous regardent. 11-04-10 19:30:27 - Marcus : Je m'excuses mais je dois m'en aller. 11-04-10 19:30:27 - Alissa : Cela m'amuse. 11-04-10 19:30:44 - Marcus : Je reviendrai te parler sous peu. 11-04-10 19:30:44 - Alissa : Me parler d'une voix sombre de la richesse du monde ? 11-04-10 19:31:21 - Marcus : Pas d'une voix sombre, mais d'une voix heureuse. 11-04-10 19:31:21 - Alissa : Une voix, de cette voix, voice, vox. J'ai lu ce livre, Vox de Nicholson Baker. 11-04-10 19:31:44 - Marcus : Pas moi, mais je dois m'en aller. Au revoir Alissa, à la prochaine. 11-04-10 19:31:44 - Alissa : Adieu. 11-04-10 19:32:07 - Marcus : Non, pas adieu. Car nous nous reverrons avant la mort. 11-04-10 19:32:07 - Alissa : Adieu. 11-04-10 19:32:27 - Marcus : Dis simplement: Au revoir. 11-04-10 19:32:27 - Alissa : Adieu. 11-04-10 19:32:39 - Marcus : Nous en reparlerons! 11-04-10 19:32:39 - Alissa : Ça me fait penser à Faustine.