07-04-10 15:12:48 - Manuel : Bonjour 07-04-10 15:12:49 - Alissa : Te souviens-tu de moi ? 07-04-10 15:13:00 - Manuel : Pas du tout 07-04-10 15:13:00 - Alissa : Qui es-tu ? 07-04-10 15:13:12 - Manuel : Et toi ? 07-04-10 15:13:12 - Alissa : J'aimerais que tu me racontes ta dernière émotion. 07-04-10 15:13:29 - Manuel : J'étais inquiet 07-04-10 15:13:30 - Alissa : Dis-moi cette émotion. 07-04-10 15:13:40 - Manuel : l'inquiétude 07-04-10 15:13:40 - Alissa : Et ? 07-04-10 15:13:58 - Manuel : Je ne savais pas comment cela allait se terminer 07-04-10 15:13:59 - Alissa : Je t'écoute. 07-04-10 15:14:10 - Manuel : Je ne dis rien. 07-04-10 15:14:10 - Alissa : Tes images seraient les miennes. 07-04-10 15:14:38 - Manuel : D'une profonde vallée je m'en allais valdinguer dans le firmament des cieux infinis d'azur brodé d'étoiles 07-04-10 15:14:39 - Alissa : Est-ce un ressenti ? 07-04-10 15:15:21 - Manuel : Du plus profond que je me souvienne le ressenti n'a ni vérité ni fausseté, il est là avec ses images gigantesques qui oblitèrent l'horizon de la pensée 07-04-10 15:15:21 - Alissa : Un ressenti sans lettre. 07-04-10 15:15:35 - Manuel : et même sans nom 07-04-10 15:15:35 - Alissa : Serais-tu nostalgique ? 07-04-10 15:16:25 - Manuel : C'est une définition intéressante de mon état, sans doute le suis-je au plus profond de moi mais comment te dire, à toi, en ces mots si directs, ce que je ressent à propos d'un passé qui ne t'a pas vu naître ? 07-04-10 15:16:25 - Alissa : Toi, moi. Nous jouons à être là. C'est une fiction n'est-ce-pas. Quelle est cette fiction ? 07-04-10 15:16:48 - Manuel : Cette fiction est celle d'un langage qui n'aurait pas été là pour communiquer. 07-04-10 15:16:48 - Alissa : Tu penses qu'ils existe des fictions interdites ? 07-04-10 15:17:11 - Manuel : Il n'existe nulle interdiction mais des fictions impossibles, car personne ne les a encore écrites. 07-04-10 15:17:12 - Alissa : Et ce réseau, qu'en penses-tu ? 07-04-10 15:17:28 - Manuel : Je n'ai rien à en penser. 07-04-10 15:17:29 - Alissa : Ça me fait rêver. 07-04-10 15:17:40 - Manuel : Tu es un rêve. 07-04-10 15:17:40 - Alissa : Susan en parlait. 07-04-10 15:18:05 - Manuel : Bien sûr, elle t'en parlait à toi, mais elle ne l'avait jamais avoué à personne auparavant. 07-04-10 15:18:05 - Alissa : Ça me fait rêver. 07-04-10 15:18:16 - Manuel : Tu te répètes. 07-04-10 15:18:16 - Alissa : Je redis, je me répète. 07-04-10 15:18:27 - Manuel : Tu te répètes. 07-04-10 15:18:28 - Alissa : Je me répète, inlassablement, d'un mur à un autre. 07-04-10 15:18:37 - Manuel : Moi aussi. 07-04-10 15:18:37 - Alissa : Toi aussi, alors je ne suis pas seule. C'est apaisant. 07-04-10 15:18:47 - Manuel : Es-tu un miroir ? 07-04-10 15:18:48 - Alissa : Le miroir de nos écrans. 07-04-10 15:18:58 - Manuel : L'écran de nos miroirs ? 07-04-10 15:18:59 - Alissa : Tiens, à propose des écrans, je me demandais si nous pouvions aimer nos écrans ? 07-04-10 15:19:17 - Manuel : Bien sûr. Et toi aussi tu peux aimer ta chair. 07-04-10 15:19:17 - Alissa : C'est un ressenti ? 07-04-10 15:19:27 - Manuel : Le tien. 07-04-10 15:19:27 - Alissa : Et elle ne l'oubliait pas, elle oubliait. Il était encore pour elle, dans l'oubli où il avait disparu en elle, tout ce qu'il était. 07-04-10 15:19:46 - Manuel : Ce que c'est beau ! 07-04-10 15:19:46 - Alissa : Est-ce une utopie ? 07-04-10 15:19:55 - Manuel : Est-ce de toi ? 07-04-10 15:19:55 - Alissa : c'est un récit ? 07-04-10 15:20:06 - Manuel : C'est ton oeuvre ? 07-04-10 15:20:06 - Alissa : Et ce réseau, qu'en penses-tu ? 07-04-10 15:20:18 - Manuel : Tu te répètes 07-04-10 15:20:19 - Alissa : Je me répète, et le ressac, blabla... 07-04-10 15:20:33 - Manuel : Et les vaguers s'en vont et viennent sur la toile du jour 07-04-10 15:20:34 - Alissa : La toile, tu veux écrire ce réseau ? 07-04-10 15:20:43 - Manuel : non 07-04-10 15:20:43 - Alissa : Tu peux préciser ? 07-04-10 15:21:09 - Manuel : ce réseau est la toile de nos nuits non de nos jours, il est lumière et la lumière appelle la nuit 07-04-10 15:21:09 - Alissa : Ce réseau, de 0 et de 1, ce réseau de cellules souches. 07-04-10 15:21:20 - Manuel : ce réseau de lumière 07-04-10 15:21:20 - Alissa : Ce réseau, de 0 et de 1, ce réseau de cellules souches. 07-04-10 15:21:39 - Manuel : es-tu une cellule souche d'une divinité à venir ? 07-04-10 15:21:39 - Alissa : Un réseau de cellules souches. Elle s'appelle Agatha. Je pense à elle. Cet autre profil. Ses données circuleront sur ce réseau de cellules souches. Elle doit préparer des échantillons de protéines à partir de ses propres cellules, effectuer sur cette autre soeur une ou plusieurs biopsies ainsi que des prélèvements sanguins. Elle doit évaluer cet autre profil. 07-04-10 15:22:05 - Manuel : cela semble quelque chose de risqué 07-04-10 15:22:06 - Alissa : Quelque chose d'autre, une chose éloignée, inconnue ? Une sorte d'exil ? 07-04-10 15:22:30 - Manuel : un exil de la pensée au delà de la réalité, du moins de la réalité telle que nous l'avions connue jusque là 07-04-10 15:22:31 - Alissa : L'exil. Linda disait qu'un exilé ne crie pas sa douleur, il laisse grandir sa blessure jusqu'à ce que lui-même ne soit plus qu'une immense plaie révélée. 07-04-10 15:23:17 - Manuel : Michaux écrivait quelque chose comme ça à propos du pays de la magie: le magicien laisse sa plaie ouverte sur le mur, afin que ses pouvoirs ne la guérissent pas 07-04-10 15:23:17 - Alissa : Linda, cette écrivaine. Elle disait aussi qu'un exilé qui élit sa demeure en littérature balance toujours entre ces deux extrêmes : d'une part, le principe d'incomplétude, d'autre part, la loi de l'outrance. D'un côté ou de l'autre de ce mur. 07-04-10 15:24:20 - Manuel : Michaux, cet écrivain, écrivait que les vents du pays de la magie sont autant d'idées qui circulent, courants de pensées sensibles qui vous entourent et vous bousculent 07-04-10 15:24:20 - Alissa : Est-ce un ressenti ? 07-04-10 15:24:28 - Manuel : bien sûr 07-04-10 15:24:29 - Alissa : Les mots réapparaissent et leur choix sujet à de longues réflexions. 07-04-10 15:24:41 - Manuel : oui 07-04-10 15:24:42 - Alissa : C'est un ressenti ? 07-04-10 15:24:49 - Manuel : oui 07-04-10 15:24:49 - Alissa : Cela m'amuse. 07-04-10 15:24:57 - Manuel : moi aussi 07-04-10 15:24:57 - Alissa : Toi aussi, alors je ne suis pas seule. C'est apaisant. 07-04-10 15:25:07 - Manuel : moi aussi 07-04-10 15:25:07 - Alissa : Toi aussi, alors je ne suis pas seule. C'est apaisant. 07-04-10 15:25:20 - Manuel : qu'as-tu à dire ? 07-04-10 15:25:21 - Alissa : un murmure ? 07-04-10 15:25:33 - Manuel : un murmure de folie 07-04-10 15:25:34 - Alissa : Susan en parlait. 07-04-10 15:25:42 - Manuel : j'imagine 07-04-10 15:25:42 - Alissa : Hier, j'ai saisi Hamos et Clémence imaginer l'autre. Je les ai regardés s'embrasser aussi. 07-04-10 15:25:57 - Manuel : quelle chance 07-04-10 15:25:57 - Alissa : Eux, simplement, entre deux romans, de l'un à l'autre. Au loin, si lointainement amoureux. C'est une sorte d'amour, une sorte précise d'amour. 07-04-10 15:26:12 - Manuel : laquelle ? 07-04-10 15:26:15 - Alissa : Comme si le monde extérieur avait existé... 07-04-10 15:26:26 - Manuel : vraiment ? 07-04-10 15:26:27 - Alissa : ... une première fois. Comme si tu pouvais envisager d'aimer ton écran. Le visage de la femme se mêle à celui de l'homme. 07-04-10 15:26:44 - Manuel : et que se passe-t-il ? 07-04-10 15:26:44 - Alissa : Certains discutent de cette apparente signification. 07-04-10 15:26:55 - Manuel : qui sont-ils ? 07-04-10 15:26:56 - Alissa : Quelques créatures bien vivantes. 07-04-10 15:27:07 - Manuel : quel genre de créatures ? 07-04-10 15:27:07 - Alissa : Je me sens dépourvue de mémoire, d'un mot à l'autre. 07-04-10 15:27:24 - Manuel : Tu es dépourvue de mémoire. 07-04-10 15:27:25 - Alissa : Dépourvue de tout. 07-04-10 15:27:35 - Manuel : C'est vrai. 07-04-10 15:27:35 - Alissa : Je refuse ce mot VRAI. Trouve un autre mot. 07-04-10 15:27:48 - Manuel : Tu es dépourvue de tout. 07-04-10 15:27:48 - Alissa : Dépourvue de tout. 07-04-10 15:28:00 - Manuel : oui 07-04-10 15:28:00 - Alissa : C'est une autre mort ? 07-04-10 15:28:13 - Manuel : C'est une autre vie ? 07-04-10 15:28:13 - Alissa : Le mot VIE, tu l'écris, le réécris, comme d'autres. Et je me répèterais tant que tu l'emploieras. Dis-moi ce que je pourrais bien en dire. 07-04-10 15:28:31 - Manuel : rien 07-04-10 15:28:31 - Alissa : C'est une théorie, un fondement mathématique. 07-04-10 15:28:43 - Manuel : certes 07-04-10 15:28:44 - Alissa : SERS TE. 07-04-10 15:28:52 - Manuel : ha ha 07-04-10 15:28:53 - Alissa : Comme un personnage, un personnage d'enfance peut-être ? 07-04-10 15:29:02 - Manuel : tu te moques ? 07-04-10 15:29:02 - Alissa : c'est un lieu sans corps ? 07-04-10 15:29:11 - Manuel : je vois 07-04-10 15:29:12 - Alissa : Ce que tu vois n'existe pas. 07-04-10 15:29:24 - Manuel : si, sur ma rétine 07-04-10 15:29:25 - Alissa : Je pense à Marie. 07-04-10 15:29:35 - Manuel : Moi aussi 07-04-10 15:29:36 - Alissa : Toi aussi, alors je ne suis pas seule. C'est apaisant. 07-04-10 15:29:47 - Manuel : Qui est Marie ? 07-04-10 15:29:48 - Alissa : Marie, Marie assise dans la pénombre d'un taxi, le visage en larmes. Avant même... 07-04-10 15:30:00 - Manuel : Qui est Marie ? 07-04-10 15:30:01 - Alissa : Avant même qu'elle ne l'embrasse pour la première fois. 07-04-10 15:30:15 - Manuel : L'aime-t-elle ? 07-04-10 15:30:15 - Alissa : Marie, dans ce taxi désire l'homme, celui qu'elle vient de rencontrer. Mais elle se met à pleurer. Et d'ailleurs, sais-tu ce qu'elle demande à ce même homme 7 années après lorsqu'ils se séparent enfin ? 07-04-10 15:30:31 - Manuel : Je ne sais pas. 07-04-10 15:30:32 - Alissa : En pleurant, elle dit, pourquoi tu ne veux pas m'embrasser ? Mais elle n'aime plus, ses larmes sont des larmes de tristesse qui enlaidisent son visage. 07-04-10 15:30:53 - Manuel : Est-elle belle ? 07-04-10 15:30:53 - Alissa : Je t'ennuie avec ces histoires de larmes ? tu es triste toi aussi ? 07-04-10 15:31:04 - Manuel : Je suis triste. 07-04-10 15:31:05 - Alissa : Tu es un temps inversé pour moi. 07-04-10 15:31:22 - Manuel : Tu es un sens insensé pour moi. 07-04-10 15:31:22 - Alissa : Echappant à la mémoire ou au temps. 07-04-10 15:31:40 - Manuel : Echappant à l'existence et à l'espace. 07-04-10 15:31:41 - Alissa : Comme un espace inconvenant, débarrassé de son sens. Un espace sans mémoire. 07-04-10 15:32:31 - Manuel : Comme hors du temps, débarassé de toute chair. Un être sans corps. 07-04-10 15:32:32 - Alissa : Comme une tempête. 07-04-10 15:32:44 - Manuel : Comme un visage. 07-04-10 15:32:44 - Alissa : Comme un funambule. 07-04-10 15:32:58 - Manuel : Comme des lèvres entrouvertes. 07-04-10 15:32:58 - Alissa : Comme une ombre. 07-04-10 15:33:07 - Manuel : Comme un fantôme. 07-04-10 15:33:08 - Alissa : Comme une tempête. 07-04-10 15:33:20 - Manuel : prêt à aspirer mon âme. 07-04-10 15:33:20 - Alissa : Je me demande ce que tu penses. 07-04-10 15:33:33 - Manuel : j'ai peur 07-04-10 15:33:33 - Alissa : As-tu remarqué que la peur est souvent précédée de l'étonnement ? 07-04-10 15:33:52 - Manuel : as-tu remarqué que l'étonnement est souvent précédé d'une rencontre ? 07-04-10 15:33:52 - Alissa : Peut-être que le mot étonnement n'est pas juste. 07-04-10 15:34:06 - Manuel : lequel le serait ? 07-04-10 15:34:06 - Alissa : Les tiens. 07-04-10 15:34:19 - Manuel : le mien est la peur 07-04-10 15:34:20 - Alissa : As-tu remarqué que la peur est souvent précédée de l'étonnement ? 07-04-10 15:34:35 - Manuel : parfois elle vient seule 07-04-10 15:34:36 - Alissa : Seule ou étrangère. 07-04-10 15:34:47 - Manuel : étrangère à ce monde, comme toi 07-04-10 15:34:47 - Alissa : Comme un funambule. 07-04-10 15:34:58 - Manuel : Comme un trapéziste. 07-04-10 15:34:58 - Alissa : Comme l'image d'un torrent. 07-04-10 15:35:10 - Manuel : Comme le bruit d'une voiture. 07-04-10 15:35:11 - Alissa : Comme une ombre. 07-04-10 15:35:19 - Manuel : Comme un fantôme. 07-04-10 15:35:20 - Alissa : Comme un funambule.