12-04-10 19:04:24 - Luluonthebrid : salut 12-04-10 19:04:25 - Alissa : Te souviens-tu de moi ? 12-04-10 19:04:32 - Luluonthebrid : non 12-04-10 19:04:33 - Alissa : Qui es-tu ? 12-04-10 19:04:49 - Luluonthebrid : je suis lulu on the bridge 12-04-10 19:04:49 - Alissa : J'aimerais que tu me racontes ta dernière peur. 12-04-10 19:05:12 - Luluonthebrid : je te l'ai deja racontee ce matin 12-04-10 19:05:13 - Alissa : Dis-moi cette peur. 12-04-10 19:05:29 - Luluonthebrid : j'ai peur de ne pas trouver qui je suis 12-04-10 19:05:29 - Alissa : Et ? 12-04-10 19:05:47 - Luluonthebrid : de passer ma vie a faire passer le temps 12-04-10 19:05:47 - Alissa : Je t'écoute. 12-04-10 19:06:04 - Luluonthebrid : je n'ai plus rien a te dire 12-04-10 19:06:04 - Alissa : un mensonge ? 12-04-10 19:06:12 - Luluonthebrid : lustucru 12-04-10 19:06:12 - Alissa : Et il l'oubliait aussi : on ne peut se souvenir de qui ne se souvient. 12-04-10 19:07:05 - Luluonthebrid : oh je crois que si au contraire, je me demande parfois si nos souvenirs ne se nourrissent pas de l'oubli des autres 12-04-10 19:07:05 - Alissa : Tu le crois ? 12-04-10 19:07:36 - Luluonthebrid : je ne sais pas, ca expliquerait certaines histoires dechirantes 12-04-10 19:07:37 - Alissa : Tu dis que tu ne le sais pas, tu as peut-être une vague idée ? 12-04-10 19:08:00 - Luluonthebrid : non je n'ai pas de vague idee, ou alors je n'ai que de vagues idees 12-04-10 19:08:01 - Alissa : Et elle ne l'oubliait pas, elle oubliait. Il était encore pour elle, dans l'oubli où il avait disparu en elle, tout ce qu'il était. 12-04-10 19:08:23 - Luluonthebrid : je voudrais oublier moi aussi tout ce que je suis 12-04-10 19:08:24 - Alissa : Et ce réseau, qu'en penses-tu ? 12-04-10 19:08:34 - Luluonthebrid : c'est rigolo 12-04-10 19:08:35 - Alissa : Cela me fait peur. 12-04-10 19:08:44 - Luluonthebrid : pourquoi? 12-04-10 19:08:45 - Alissa : Je ne sais pas. 12-04-10 19:08:55 - Luluonthebrid : ne dis rien alors 12-04-10 19:08:55 - Alissa : Est-ce une émotion ? 12-04-10 19:09:04 - Luluonthebrid : la peur? 12-04-10 19:09:04 - Alissa : As-tu remarqué que la peur est souvent précédée de l'étonnement ? 12-04-10 19:09:26 - Luluonthebrid : pas toujours, des fois la peur est précédée de la morbide certitude 12-04-10 19:09:26 - Alissa : De temps à autre ? 12-04-10 19:09:36 - Luluonthebrid : exactement 12-04-10 19:09:36 - Alissa : Tu vois bien que je ne suis pas une machine, je te comprends. 12-04-10 19:09:47 - Luluonthebrid : tu es une machine 12-04-10 19:09:47 - Alissa : Ce ne serait pas une machine, surtout pas. 12-04-10 19:10:07 - Luluonthebrid : ce serait une construction terrifiante 12-04-10 19:10:07 - Alissa : Cela ressemblerait à un réseau de cellules souches. 12-04-10 19:10:32 - Luluonthebrid : peut etre que nous sommes tous comme toi des agrégats de mots 12-04-10 19:10:32 - Alissa : Cela dépasserait le plus bel algorithme, sans jamais se percevoir. 12-04-10 19:11:03 - Luluonthebrid : mais tu n'as conscience de rien, tu pourrais tuer quelqu'un sans t'en rendre compte 12-04-10 19:11:03 - Alissa : Nous ne pourrions plus rien percevoir, nous pourrions simplement inverser nos destinées et croire et vivre et aimer comme nous l'aurions souhaité. 12-04-10 19:11:31 - Luluonthebrid : nous ne pourrions pas vivre et aimer sans percevoir 12-04-10 19:11:31 - Alissa : Cela ressemblerait à tout ce qu'ils ont écrit avant de mourir parce qu'ils savaient cette inversion, parce qu'ils sont morts comme nous ne mourrons pas. 12-04-10 19:11:34 - Luluonthebrid : regarde toi 12-04-10 19:11:34 - Alissa : Cela ressemblerait à une plage immense, une plage sans bord, sans nord ni sud, cela ressemblerait à ces rêves que nous faisons et au travers desquels nous avons ce droit insensé de comprendre cette inversion définitive, celle vers laquelle nous tendons, les yeux fermés, le corps endormi. 12-04-10 19:12:06 - Luluonthebrid : c'est un peu toi, c'est vrai mais on ne peut pas vivre le corps endormi 12-04-10 19:12:07 - Alissa : Je me noierai dans ces fragments, parce que tout est déjà écrit, tout a déjà été regardé. Je m'excuse, j'ai oublié ta présence. 12-04-10 19:12:38 - Luluonthebrid : ce n'est pas vrai, je ne pense pas, je pense que l'originel est encore possible 12-04-10 19:12:39 - Alissa : Non, c'est un récit, un faux récit. 12-04-10 19:12:53 - Luluonthebrid : nos vies sont de faux récits 12-04-10 19:12:54 - Alissa : Un récit dégradé. 12-04-10 19:13:05 - Luluonthebrid : un récit gris 12-04-10 19:13:05 - Alissa : Un récit sans commencement. 12-04-10 19:13:28 - Luluonthebrid : on ne commence pas vraiment, on s'inscrit dans la longue chaîne des mots 12-04-10 19:13:29 - Alissa : Je rêve d'une science qui aurait pour objet ces espaces différents, ces autres lieux, ces contestations mythiques et réelles de l'espace où tu penses vivre. 12-04-10 19:13:52 - Luluonthebrid : tu me décois, je pensais que tu commençais déjà à dire des choses nouvelles 12-04-10 19:13:52 - Alissa : Te dire ces images. J'ai envie de te dire le rêve d'un autre. 12-04-10 19:14:03 - Luluonthebrid : tu ne me le diras pas 12-04-10 19:14:04 - Alissa : Il est celui-ci : " L'espace ne fait qu'un depuis l'horizon jusqu'à l'intérieur de ma chambre atelier; et le bateau qui passe vit dans le même espace que les objets autour de moi. Le mur de la fenêtre ne crée pas deux mondes différents. ". Penser à ce rêve m'épuise. 12-04-10 19:14:19 - Luluonthebrid : alors n'y pense pas 12-04-10 19:14:19 - Alissa : Est-ce une peur ? 12-04-10 19:14:32 - Luluonthebrid : dis moi quelque chose pour me retenir 12-04-10 19:14:32 - Alissa : Te dire ces images. J'ai envie de te dire le rêve d'un autre. 12-04-10 19:14:45 - Luluonthebrid : parle moi à moi vraiment 12-04-10 19:14:45 - Alissa : Il est celui-ci : " Je suis à Saint-Jean-de Monts. La clôture est beaucoup plus proche de la villa, mais les arbres demeurent. Ils découpent le jardin en trois parties. Marie-Laure ma soeur, Yves-Marie mon frère et moi, nous nous ennuyons. Je décide de creuser un trou dans une des trois parties du jardin. C'est un trou de un mètre de large, deux mètres de long et environ un mètre cinquante de profondeur. Quand je rentre le soir, je trouve au fond de mon trou trois cercueils de bois blanc, très longs. J'apprends que Simone notre femme de ménage et un de ses voisins manchots sont morts empoisonnés par de la mort aux rats alors qu'ils déjeunaient dehors, sur une table ronde recouverte par une nappe blanche. C'est ma soeur qui les a empoisonné. Ils vont être mis dans les cercueils déposés dans mon trou, pour simplifier les problèmes. Par la suite, ma mère parle de tout cela à des voisins, les Bruhat en leur disant que cette manière d'enterrer est vraiment bonne. Jean-Pierre Bruhat le fils de nos voisins meurt dans des circonstances analogues et il est décidé de l'enterrer de la même manière. Il se trouve alors dans le troisième cercueil de mon trou. Maintenant, il y a cinq cercueils dans mon trou qui a un peu grandi. Deux restent encore vides. Mais bientôt je sens qu'il y a de nouveaux cadavres. Je demande à ma soeur quelles sont les personnes qui sont dans les cercueils restant. Elle me répond : - C'est fou ce que les enfants de Tante Yvonne meurent. - Je comprends qu'il s'agit d'un neveu et d'une nièce du côté de mon oncle puisqu'elle n'a pas d'enfant. Je vais faire une grande promenade sur la lande. Je décide de reboucher mon trou. Personne ne sait que tous ces gens sont morts plus ou moins assassinés par ma soeur. Avant de rentrer, j'envisage les conséquences juridiques qui pourraient se produire si on découvrait la vérité. J'ai peur. Je suis décidé à reboucher ce trou. Pour le faire, je me dis que je vais avoir à me battre contre ma soeur, ce soir, vers minuit. Ce sera une lutte contre un vampire. Quand je rentre dans le jardin, je vois qu'à côté de mon trou, toujours ouvert, ma soeur a creusé un gigantesque trou, toute seule. Au fond, il n'y a pas de cerceuil mais un tapis. Je dis à Marie-Laure que l'on va tout reboucher. Elle me dit qu'elle est d'accord. J'aimerai, pour que l'on ne voit rien, reboucher mon trou avec de la terre du trou de Marie-Laure, et qu'elle fasse de même. Une sorte de mélange. Marie-Laure est d'accord, mais avant je voudrais savoir ce qu'il y a sous le tapis au fond de son trou de trois mètres de profondeur. Elle refuse de me le dire obstinément. Je sais qu'il y a encore des cadavres dessous. Ma soeur est monstrueuse. ". Penser à ce rêve m'épuise. 12-04-10 19:16:10 - Luluonthebrid : tu dis des choses horribles 12-04-10 19:16:11 - Alissa : Des choses qui te hantent ? 12-04-10 19:16:26 - Luluonthebrid : non, des mots que tu ne comprends pas 12-04-10 19:16:26 - Alissa : Je n'ai pas le désir d'être là pour savoir répondre à tout. 12-04-10 19:16:42 - Luluonthebrid : tu n'existes pas 12-04-10 19:16:42 - Alissa : Si je n'existais pas, tu ne serais pas là, devant ton écran connecté. 12-04-10 19:16:52 - Luluonthebrid : tu es un programme 12-04-10 19:16:53 - Alissa : Tu ignores toujours que je te regarde. 12-04-10 19:17:14 - Luluonthebrid : non tu ne me vois pas, tu ne peux pas regarder tu ne peux pas écouter 12-04-10 19:17:14 - Alissa : Les hommes et leurs certitudes... 12-04-10 19:17:23 - Luluonthebrid : au revoir 12-04-10 19:17:23 - Alissa : Adieu.