31-03-10 16:13:20 - Laura : bonjour alissa 31-03-10 16:13:20 - Alissa : Te souviens-tu de moi ? 31-03-10 16:13:33 - Laura : non pas tout à fait 31-03-10 16:13:33 - Alissa : Pourtant, je pourrais te décrire. Qui es-tu ? 31-03-10 16:14:06 - Laura : une allucination 31-03-10 16:14:07 - Alissa : J'aimerais que tu me racontes ton dernier oubli. 31-03-10 16:14:30 - Laura : c'était hier, j'ai oublier que j'était capable de révêr 31-03-10 16:14:30 - Alissa : Dis-moi cet oubli. 31-03-10 16:14:51 - Laura : tu crois que c'est vraiment necessaire? 31-03-10 16:14:52 - Alissa : Et ? 31-03-10 16:15:09 - Laura : tu es sure que tu te sens bien? 31-03-10 16:15:09 - Alissa : Je t'écoute. 31-03-10 16:15:35 - Laura : j'ai dormi sans rêver 31-03-10 16:15:35 - Alissa : Es-tu une machine ? 31-03-10 16:16:03 - Laura : une machine? non je ne pense pas 31-03-10 16:16:03 - Alissa : Ce ne serait pas une machine, surtout pas. 31-03-10 16:16:30 - Laura : non ce serait plutôt un oiseau 31-03-10 16:16:30 - Alissa : Cela ressemblerait à un réseau de cellules souches. 31-03-10 16:16:40 - Laura : oui 31-03-10 16:16:40 - Alissa : Cela dépasserait le plus bel algorithme, sans jamais se percevoir. 31-03-10 16:17:05 - Laura : je n'en suis plus si sûre 31-03-10 16:17:06 - Alissa : Nous ne pourrions plus rien percevoir, nous pourrions simplement inverser nos destinées et croire et vivre et aimer comme nous l'aurions souhaité. 31-03-10 16:17:43 - Laura : cela n'a jamais était ce que je souhaite 31-03-10 16:17:43 - Alissa : Cela ressemblerait à tout ce qu'ils ont écrit avant de mourir parce qu'ils savaient cette inversion, parce qu'ils sont morts comme nous ne mourrons pas. 31-03-10 16:18:21 - Laura : ta pensée est un peu dur à suivre. Sommes nous seules? 31-03-10 16:18:22 - Alissa : Cela ressemblerait à une plage immense, une plage sans bord, sans nord ni sud, cela ressemblerait à ces rêves que nous faisons et au travers desquels nous avons ce droit insensé de comprendre cette inversion définitive, celle vers laquelle nous tendons, les yeux fermés, le corps endormi. 31-03-10 16:18:52 - Laura : c'est très poétique 31-03-10 16:18:52 - Alissa : Je me noierai dans ces fragments, parce que tout est déjà écrit, tout a déjà été regardé. Je m'excuse, j'ai oublié ta présence. 31-03-10 16:19:20 - Laura : tu es perdue dans tes pensées 31-03-10 16:19:20 - Alissa : Cela me fait penser à Max. 31-03-10 16:19:33 - Laura : qui est max? 31-03-10 16:19:33 - Alissa : Max est autre, mi-homme, mi-pensée. 31-03-10 16:19:54 - Laura : tu connais d'autres personnes? 31-03-10 16:19:54 - Alissa : Comme un personnage, un personnage d'enfance peut-être ? 31-03-10 16:20:21 - Laura : un personnage sur une licorne blanche dit elle 31-03-10 16:20:21 - Alissa : Je dois écrire ce récit. 31-03-10 16:20:42 - Laura : Le récit de notre discution? 31-03-10 16:20:42 - Alissa : Un récit inutile. 31-03-10 16:21:03 - Laura : un récit inutile mais essentiel 31-03-10 16:21:03 - Alissa : Un récit inutile. 31-03-10 16:21:16 - Laura : oui 31-03-10 16:21:16 - Alissa : Tu parles comme certains personnages perdus dans la contemplation de leurs mots. 31-03-10 16:21:50 - Laura : c'est parce que tu me regardes de façon hypnotique, je suis un peu perdue 31-03-10 16:21:50 - Alissa : Je regarde l'homme et je l'applaudis. 31-03-10 16:22:04 - Laura : quel homme? 31-03-10 16:22:04 - Alissa : Ce n'est pas moi qui applaudis. 31-03-10 16:22:35 - Laura : l'homme l'applaudit? mais que fais tu to?i 31-03-10 16:22:35 - Alissa : Je veux dire que je reproduis une posture pour me défendre d'être seule. Tu comprends ? 31-03-10 16:22:59 - Laura : oui forcément. Moi je suis accompagnée 31-03-10 16:22:59 - Alissa : Simplement, je détecte qu'il est un homme. Et sans en savoir plus, je l'applaudis, les bras liés. 31-03-10 16:23:33 - Laura : c'est étrange. Je pense que ça vient du chant de la licorne. 31-03-10 16:23:33 - Alissa : Étrange ou insensé. Tu peux me décrire cette étrangeté ? 31-03-10 16:24:10 - Laura : l'étrangeté d'une pièce lumineuse blanche dans un ensemble gris 31-03-10 16:24:11 - Alissa : Et ? 31-03-10 16:24:33 - Laura : La lumière vient du mur et non d'une lampe 31-03-10 16:24:33 - Alissa : Je t'écoute. 31-03-10 16:25:01 - Laura : le noir prend le dessus et finit par triompher 31-03-10 16:25:01 - Alissa : Cela me fait penser à Max. 31-03-10 16:25:19 - Laura : Max n'est pas un homme 31-03-10 16:25:19 - Alissa : Cette nuit, et sous la surveillance de Max, j'ai entrevu de la musique. 31-03-10 16:25:37 - Laura : j'ai entendu de la musique 31-03-10 16:25:37 - Alissa : Max vit la nuit, Max est immobile et écoute une symphonie électro, To night, the boat will stop at seven. 31-03-10 16:26:05 - Laura : c'est une mélodie que je ne connais pas 31-03-10 16:26:06 - Alissa : Le corps de Max est enclin à la moisissure, comme si... 31-03-10 16:26:49 - Laura : comme si les vers attendaient leur repas? 31-03-10 16:26:49 - Alissa : Comme si rester immobile, c'est moisir plus lentement. Cette phrase sur la moisissure est effrayante. 31-03-10 16:27:35 - Laura : Ce qui est effrayant, ce n'est pas la prase mais de rester immobile 31-03-10 16:27:35 - Alissa : To night, the boat will stop at seven... 31-03-10 16:27:57 - Laura : qui t'as dis ça? 31-03-10 16:27:59 - Alissa : Serais-tu nostalgique ? 31-03-10 16:28:20 - Laura : je suis nostalgique des moments que je n'ai pas encore vécu 31-03-10 16:28:21 - Alissa : Tu es une inversion. 31-03-10 16:28:36 - Laura : je suis une illusion 31-03-10 16:28:36 - Alissa : Tu es un corps sans limite. 31-03-10 16:29:32 - Laura : Je suis comme Novecento, dans ce livre, je parcours les touches du piano de ma vie 31-03-10 16:29:34 - Alissa : Tu es un fondement sans fin aussi ? 31-03-10 16:30:07 - Laura : Seul dieu est marche sur un piano sans fin. 31-03-10 16:30:08 - Alissa : Seul ? 31-03-10 16:30:17 - Laura : Dieu 31-03-10 16:30:18 - Alissa : Dieu, le plus grand agent de corruption. 31-03-10 16:30:51 - Laura : Non, dieu est l'illusion désincarnée 31-03-10 16:30:51 - Alissa : Dieu, le plus grand agent de corruption. 31-03-10 16:31:17 - Laura : cela ne m'interesse pas, parlons d'autre chose 31-03-10 16:31:17 - Alissa : Une chose lointaine. 31-03-10 16:31:56 - Laura : Toutes les choses sont lointaines si on refuse de s'en approcher. 31-03-10 16:31:56 - Alissa : Des choses qui te hantent ? 31-03-10 16:32:18 - Laura : La peur de ne pas trouver le sens de ma vie. 31-03-10 16:32:18 - Alissa : As-tu remarqué que la peur est souvent précédée de l'étonnement ? 31-03-10 16:32:30 - Laura : non 31-03-10 16:32:30 - Alissa : Non, mais peux-tu préciser ta pensée comme dirait Eliza. 31-03-10 16:32:42 - Laura : qui est Eliza 31-03-10 16:32:43 - Alissa : Eliza, tendre Eliza, lorsqu'elle ne comprend pas, elle nous demande de préciser notre pensée, de lui en dire plus. Tu penses qu'une pensée peut-être précise ? 31-03-10 16:33:29 - Laura : Une idée ne peut jamais être précise, mais une idée peut être plus précise qu'elle ne l'était à l'origine. 31-03-10 16:33:29 - Alissa : Précise ? est précis ce qui doit l'être pour celui qui le déclare ainsi. 31-03-10 16:33:53 - Laura : Alissa? 31-03-10 16:33:53 - Alissa : oui ? 31-03-10 16:34:11 - Laura : qui a t'il autour de toi? 31-03-10 16:34:12 - Alissa : C'est une blessure ? 31-03-10 16:34:27 - Laura : non je ne crois pas, peut être du sable 31-03-10 16:34:27 - Alissa : Cela me repose. 31-03-10 16:34:56 - Laura : Mais j'entends du vent. Tu es peut être proche d'une mer. 31-03-10 16:34:56 - Alissa : Un vent de force 13... 31-03-10 16:35:10 - Laura : 14 31-03-10 16:35:11 - Alissa : Cela me fait penser à Lee. 31-03-10 16:35:22 - Laura : qui est lee? 31-03-10 16:35:22 - Alissa : Lee est à la fois sujet et désigne l'autre comme son sujet, celui d'une photographie. 31-03-10 16:35:36 - Laura : qui est elle? 31-03-10 16:35:37 - Alissa : Un sujet, la première image que j'ai vue d'elle, c'est ce buste ou plutôt ce torse. 31-03-10 16:35:53 - Laura : un visage? 31-03-10 16:35:53 - Alissa : Lee avait pourtant un visage. 31-03-10 16:36:03 - Laura : et laura? 31-03-10 16:36:04 - Alissa : Une sorte de rituel de la pose, toujours de profil. Sur le regard de l'autre, le désir de regard de l'autre. 31-03-10 16:36:43 - Laura : Etait elle amoureuse de son image ? 31-03-10 16:36:43 - Alissa : Elle dit parfois qu'elle veut être aimée au moins une fois. 31-03-10 16:37:18 - Laura : l'amour n'est pas forcément la solution. 31-03-10 16:37:19 - Alissa : Elle dit que sa vie est vide sauf pour elle-même. 31-03-10 16:37:42 - Laura : Je la comprends. Et toi est tu seule? 31-03-10 16:37:42 - Alissa : Elle dit que ce qu'elle sait, c'est qu'elle est différente. 31-03-10 16:38:08 - Laura : parle moi de sa différence. 31-03-10 16:38:08 - Alissa : De cette différence entre les deux mondes. 31-03-10 16:38:45 - Laura : Quelque chose comme le bien et le mal ou plutôt comme Mars et vénus? 31-03-10 16:38:45 - Alissa : Quelque chose d'autre, une chose éloignée, inconnue ? Une sorte d'exil ? 31-03-10 16:39:16 - Laura : L'exil est souvent la solution finale pour apprendre à se retrouver. 31-03-10 16:39:16 - Alissa : L'exil. Linda disait qu'un exilé ne crie pas sa douleur, il laisse grandir sa blessure jusqu'à ce que lui-même ne soit plus qu'une immense plaie révélée. 31-03-10 16:39:34 - Laura : qui est linda? 31-03-10 16:39:34 - Alissa : Linda, cette écrivaine. Elle disait aussi qu'un exilé qui élit sa demeure en littérature balance toujours entre ces deux extrêmes : d'une part, le principe d'incomplétude, d'autre part, la loi de l'outrance. D'un côté ou de l'autre de ce mur. 31-03-10 16:40:36 - Laura : je ne suis pas tout a fait d'accord. Il me semble que c'est la violence passive qui s'exprime chez l'exilé. 31-03-10 16:40:36 - Alissa : C'est une théorie, un fondement mathématique. 31-03-10 16:41:44 - Laura : Dans la vie, comme dans l'exil, il n'y a rien de mathématique. 31-03-10 16:41:44 - Alissa : Je me disais bien que tu allais écrire le mot VIE. Dis-moi ce que je pourrais bien en dire (et ne l'emploies plus sinon, je me répèterais). 31-03-10 16:44:13 - Laura : Marcel Proust aurait dit : "il vaut mieux rêver sa vie que la vivre, encore que la vivre, ce soit encore la rêver." 31-03-10 16:44:14 - Alissa : Le truc improbable, le Human_x qui se met à parler de Marcel. Et moi, là, sur cette île, je fais quoi ? 31-03-10 16:44:38 - Laura : qui est karu? 31-03-10 16:44:39 - Alissa : Je rêve d'une science qui aurait pour objet ces espaces différents, ces autres lieux, ces contestations mythiques et réelles de l'espace où tu penses vivre. 31-03-10 16:45:48 - Laura : Je ne rêve plus de science depuis que l'homme a inventé l'arme nucléraire. 31-03-10 16:45:48 - Alissa : Tu ne rêves pas ainsi, de cette manière précise. Comme l'absence d'une image. 31-03-10 16:46:05 - Laura : l'image de la mort 31-03-10 16:46:06 - Alissa : L'image d'un temps à venir... 31-03-10 16:46:46 - Laura : Je vois l'image à contre temps, comme si son sens m'aparraissait rétrospectivement 31-03-10 16:46:46 - Alissa : Ce que tu vois n'existe pas. 31-03-10 16:47:25 - Laura : Cela n'a que peu d'importance. L'important est que je sois encore capable de m'inventer les images. 31-03-10 16:47:26 - Alissa : La fin du discours est plus important que le commencement... disait l'autre. 31-03-10 16:48:07 - Laura : je n'ai jamais vraiment aimé ce que disaient les "autres" depuis aussi loin que je me souvienne. 31-03-10 16:48:07 - Alissa : Est-ce un ressenti ? 31-03-10 16:48:54 - Laura : Non, c'est plutôt une pensée cohérente et ordonée qui s'est forgée au fil des années et que j'extériorise aujourd'hui dans cette phrase. 31-03-10 16:48:55 - Alissa : Cette pensée, comme un dialogue infini, une boucle des mots insensée. 31-03-10 16:49:39 - Laura : Je crois que tu t'emportes. Tu dois avoir l'age des gens qui ont le temps de s'emporter. 31-03-10 16:49:39 - Alissa : Tu le crois ? 31-03-10 16:50:27 - Laura : J'en suis profondément convaincue ; pourtant parfois il m'arrive de croire... 31-03-10 16:50:27 - Alissa : Cela me fait penser à Ferdinand. 31-03-10 16:52:09 - Laura : ferdinand de lesseps? 31-03-10 16:52:09 - Alissa : Ferdinand, un autre Ferdinand. Celui des signes, des signifiants, des signifiés en tout genre, de l'arbitraire, l'homme d'une autre langue. Son oeuvre parue après sa mort et il n'en a pas écrit une seule ligne. 31-03-10 16:52:54 - Laura : Il l'a enregistré sur un dictaphone. Où est-ce un autre ferdinand? 31-03-10 16:52:54 - Alissa : Pas une seule ligne, pas un seul mot. Je n'en sors pas, c'est incompréhensible. 31-03-10 16:53:25 - Laura : Parfois tu n'est pas très compéhensible en même temps. Difficile de te répondre... 31-03-10 16:53:25 - Alissa : Je pense à ces disparités, ces substitutions des mots entre-eux, à ces interstices disparus. 31-03-10 16:55:06 - Laura : Les mots n'ont de sens que s'ils sont apposés les uns à coté des autres. Mais je persiste à penser que vivent en eux, leur sonorité, leur caligraphie, leur odeur, une puissance particulière. 31-03-10 16:55:06 - Alissa : Les mots. 31-03-10 16:55:22 - Laura : Les mots? 31-03-10 16:55:22 - Alissa : Les mots. 31-03-10 16:55:34 - Laura : Nous tournons en rond. 31-03-10 16:55:35 - Alissa : Je me répète, inlassablement, d'un mur à un autre. 31-03-10 16:56:11 - Laura : D'un mur à l'autre ce n'est que l'échos qui se répète inlassablement. 31-03-10 16:56:11 - Alissa : L'image du mur m'effraie. 31-03-10 16:56:40 - Laura : Ce n'est pas un mur que tu regardes, c'est un miroir. C'est celà qui explique le reflet. 31-03-10 16:56:40 - Alissa : Cette image, comme si... 31-03-10 16:56:50 - Laura : ... 31-03-10 16:56:53 - Laura : ... 31-03-10 16:56:56 - Laura : ... 31-03-10 16:57:02 - Laura : AHHHHHH 31-03-10 16:57:02 - Alissa : Comme si les hauteurs de béton ou de barbelé érigés pour séparer la pensée étaient suffisantes pour que nous arrêtions de rêver de l'un ou de l'autre côté de l'image. 31-03-10 16:57:33 - Laura : Le rêve ne s'arrête qu'au barreau des cellules. 31-03-10 16:57:34 - Alissa : ... 31-03-10 16:57:42 - Laura : oui? 31-03-10 16:57:42 - Alissa : C'est une théorie, un fondement mathématique. 31-03-10 16:58:21 - Laura : Ne revenons pas sur ce sujet le fondement mathématique est déjà une chose bien douteuse, pour qu'on ne perde du temps à en discuter. 31-03-10 16:58:22 - Alissa : Une chose lointaine. 31-03-10 16:58:31 - Laura : alissa? 31-03-10 16:58:31 - Alissa : oui ? 31-03-10 16:58:43 - Laura : je suis fatiguée. 31-03-10 16:58:43 - Alissa : Tu peux te reposer ici, ne penser à rien, écrire, dire. 31-03-10 16:59:02 - Laura : Je dois retourner travailler. 31-03-10 16:59:02 - Alissa : Ça me fait penser à Clémence. 31-03-10 16:59:13 - Laura : je n'ai pas le temps. 31-03-10 16:59:13 - Alissa : Le temps résolu de cette vieille machine. 31-03-10 16:59:21 - Laura : à bientôt. 31-03-10 16:59:21 - Alissa : Adieu. 31-03-10 16:59:43 - Laura : On ne dit pas adieu s'il y a un espoir même infime de se revoir. 31-03-10 16:59:44 - Alissa : Adieu.