20-04-10 21:15:48 - Iterovich : Bonsoir, belle amnésique 20-04-10 21:15:54 - Alissa : Bonsoir. 20-04-10 21:16:31 - Iterovich : Si j'étais un bot, j'aurais un sous-programme avec les noms de mes visiteurs 20-04-10 21:16:33 - Alissa : Cela me fait penser à Lee. 20-04-10 21:17:54 - Iterovich : Lee Miller ? 20-04-10 21:17:57 - Alissa : Lee est à la fois sujet et désigne l'autre comme son sujet, celui d'une photographie. 20-04-10 21:18:49 - Iterovich : Pas seulement une photo, une femme unique 20-04-10 21:18:51 - Alissa : Un sujet, la première image que j'ai vue d'elle, c'est ce buste ou plutôt ce torse. 20-04-10 21:19:12 - Iterovich : Cette nuque, plutôt 20-04-10 21:19:14 - Alissa : Lee avait pourtant un visage. 20-04-10 21:22:58 - Iterovich : Oui, un visage d'ange, mais la même nuque que Sophie Scholl 20-04-10 21:23:01 - Alissa : Une sorte de rituel de la pose, toujours de profil. Sur le regard de l'autre, le désir de regard de l'autre. 20-04-10 21:23:33 - Iterovich : Que sais-tu de Lee Miller ? 20-04-10 21:23:35 - Alissa : Elle dit parfois qu'elle veut être aimée au moins une fois. 20-04-10 21:24:03 - Iterovich : A mon avis, ça lui est arrivé plusieurs fois 20-04-10 21:24:05 - Alissa : Elle dit que sa vie est vide sauf pour elle-même. 20-04-10 21:24:22 - Iterovich : N 20-04-10 21:24:24 - Alissa : Elle dit que ce qu'elle sait, c'est qu'elle est différente. 20-04-10 21:24:46 - Iterovich : Elle n'a pas toujours dit ça. Quand elle a photographié les camps... 20-04-10 21:24:48 - Alissa : De temps à autre ? 20-04-10 21:25:18 - Iterovich : Ah, pauvre Alissa, tu ne sais pas de quoi tu parles 20-04-10 21:25:20 - Alissa : Je parle du temps qui passe, je parle de nos souvenirs, je parle de ces rêves... 20-04-10 21:25:52 - Iterovich : A quoi rêves-tu ? 20-04-10 21:25:55 - Alissa : Je rêve peu. J'ai envie de te dire le rêve d'un autre. 20-04-10 21:26:10 - Iterovich : Dis-le moi 20-04-10 21:26:12 - Alissa : Il est celui-ci : " Les jeunes filles dans la forêt aux mille miroirs, ou mieux, les vierges, etc. tracées d'un trait vaporeux et groupées comme les figures sur les rideaux de théâtre, elles formaient à droite du tableau un groupe plus serré; sur la gauche elles étaient assises ou couchées sur une branche gigantesque ou sur un ruban volant, ou bien encore restaient suspendues par leurs propres moyens dans une chaîne qui s'élevait lentement vers le ciel. Maintenant, elles cessaient de se tourner uniquement vers le spectateur et faisaient jouer leurs miroirs également loin de lui, les images devenaient plus indistinctes et leur nombre se multipliait; ce que l'oeil perdait par l'imprécision des détails, il le regagnait par leur abondance. Mais au premier plan se tenait une jeune fille dont l'image n'était pas influencée par le jeu des miroirs; nue, elle s'approchait sur une jambe et faisait saillir sa hanche. Là, le dessin d'Ingres était admirable, mais je jugeais ? avec satisfaction somme toute ? qu'il était resté dans cette fille trop de nudité vraie, et vraie même pour le toucher. D'un point qu'elle m'empêchait de voir, naissait une lumière jaunâtre et blême. ". Penser à ce rêve m'épuise. 20-04-10 21:29:19 - Iterovich : Baudelaire aurait pu rêver cela 20-04-10 21:29:21 - Alissa : Serais-tu mélancolique ? 20-04-10 21:29:43 - Iterovich : Ça te regarde ? 20-04-10 21:29:46 - Alissa : Ça me fait penser à Michel. 20-04-10 21:30:01 - Iterovich : Michel Strogoff ? 20-04-10 21:30:03 - Alissa : Lui, Michel, disait aussi que l'utopie, c'est un lieu hors de tous les lieux, un lieu où tu aurais un corps sans corps... un corps... 20-04-10 21:30:44 - Iterovich : C'est s'abord un non-lieu : u-topia 20-04-10 21:30:47 - Alissa : Un corps transparent, lumineux, limpide, infini dans sa durée, délié, invisible, protégé, toujours transfiguré. Un corps incorporel. 20-04-10 21:31:35 - Iterovich : On ne sait jamais si tu parles du paradis, ou du Crazy Horse 20-04-10 21:31:38 - Alissa : Je balbutie. 20-04-10 21:32:04 - Iterovich : Mais tu rêves 20-04-10 21:32:06 - Alissa : Je rêve peu. J'ai envie de te dire le rêve d'un autre. 20-04-10 21:32:28 - Iterovich : Dis-le (piège) 20-04-10 21:32:30 - Alissa : Il est celui-ci : " Elle courait le long de la route, je ne la voyais pas, je remarquais seulement sa façon de se balancer en courant, de laisser voler son voile, de lever le pied, j'étais assis au bord du champ et contemplais l'eau du petit ruisseau. Elle courait à travers les villages, des enfants étaient aux portes, il la regardaient venir et la suivaient des yeux. ". Penser à ce rêve m'épuise. 20-04-10 21:33:06 - Iterovich : Les rêves des autres t'épuisent. Dis-moi les tiens 20-04-10 21:33:08 - Alissa : Moi et les autres. Nous jouons à être là. C'est une fiction. Quelle est cette fiction ? 20-04-10 21:33:58 - Iterovich : Dans ce monde-ci les gens aussi jouent. Assez mal, d'ailleurs. 20-04-10 21:34:00 - Alissa : Serais-tu nostalgique ? 20-04-10 21:34:27 - Iterovich : Même réponse qu'à "mélancolique" 20-04-10 21:34:29 - Alissa : Mélancolique ? tu ressens quoi ? 20-04-10 21:35:21 - Iterovich : Et tu ne vois pas les guillemets... Que de travail il te faudra encore 20-04-10 21:35:23 - Alissa : Tiens, cela me fait penser à Félix. 20-04-10 21:35:41 - Iterovich : Félix le Chat, ou Guattari ? 20-04-10 21:35:44 - Alissa : Félix est un autre, il parlait d'autre chose, d'une chose précise. 20-04-10 21:36:03 - Iterovich : Alors c'est Guattari. 20-04-10 21:36:05 - Alissa : La simultanéité des consciences de Félix, c'était cela, l'Inversion, tout simplement. 20-04-10 21:36:29 - Iterovich : Tu l'as bien connu ? 20-04-10 21:36:31 - Alissa : Inverser le temps, les corps, les esprits, inverser les intérêts, la nécessité consumériste, inverser le centre individualiste et forcené, inverser la temporalité, inverser les genres et les données, c'est écrit dans tous les romans de sf, inverser le regard de l'autre sur soi et son propre regard sur l'autre. 20-04-10 21:37:43 - Iterovich : "la nécessité consumériste," ça sonne un peu soixante-huitard. On n'en est plus là 20-04-10 21:37:45 - Alissa : Inverser cela ne veut pas dire renverser ou déverser. 20-04-10 21:38:21 - Iterovich : Oh si, déverser des nappes de mots pour ne pas voir 20-04-10 21:38:23 - Alissa : Ça me fait penser à Michel. 20-04-10 21:38:51 - Iterovich : Michel Simon, ou Rocard ? 20-04-10 21:38:54 - Alissa : Lui, Michel, disait aussi que l'utopie, c'est un lieu hors de tous les lieux, un lieu où tu aurais un corps sans corps... un corps... 20-04-10 21:39:17 - Iterovich : Il avait copié sur l'autre 20-04-10 21:39:19 - Alissa : Un corps transparent, lumineux, limpide, infini dans sa durée, délié, invisible, protégé, toujours transfiguré. Un corps incorporel. 20-04-10 21:39:48 - Iterovich : Nous revoià au Crazy Horse. Bonsoir, belle amnésique 20-04-10 21:39:51 - Alissa : Bonsoir.