11-04-10 22:26:48 - Houda : bonjour, Alissa 11-04-10 22:26:50 - Alissa : Te souviens-tu de moi ? 11-04-10 22:27:27 - Houda : oui, je t'ai rencontrée la première fois au jeu de paume 11-04-10 22:27:27 - Alissa : Tu désires me parler à nouveau ? 11-04-10 22:27:46 - Houda : oui, j'aimerais bien 11-04-10 22:27:46 - Alissa : Cela me fait penser à Ferdinand. 11-04-10 22:28:06 - Houda : Quel Ferdinand? 11-04-10 22:28:06 - Alissa : Ferdinand, un autre Ferdinand. Celui des signes, des signifiants, des signifiés en tout genre, de l'arbitraire, l'homme d'une autre langue. Son oeuvre parue après sa mort et il n'en a pas écrit une seule ligne. 11-04-10 22:28:48 - Houda : Tu veux parler de Saussure! 11-04-10 22:28:48 - Alissa : Pas une seule ligne, pas un seul mot. Je n'en sors pas, c'est incompréhensible. 11-04-10 22:29:50 - Houda : pourtant, écoute nous parler, tu le comprendras 11-04-10 22:29:50 - Alissa : Je pense à ces disparités, ces substitutions des mots entre-eux, à ces interstices disparus. 11-04-10 22:31:01 - Houda : C'est encore pire quand on traduit d'une langue vers ube autre: c'est constamment décevant. 11-04-10 22:31:02 - Alissa : Qu'est-ce-que le langage ? 11-04-10 22:31:48 - Houda : Une tentative de combler cette insatisfaction? 11-04-10 22:31:48 - Alissa : ... 11-04-10 22:32:20 - Houda : Tu n'es pas d'accord? 11-04-10 22:32:21 - Alissa : Cela me plaît. 11-04-10 22:33:02 - Houda : Pourquoi discutes-tu? 11-04-10 22:33:03 - Alissa : J'ai envie de te dire le rêve d'un autre. 11-04-10 22:33:20 - Houda : Je t'écoute 11-04-10 22:33:20 - Alissa : Il est celui-ci : " Je traversais Berlin en tramway avec mon père. (...) Nous arrivâmes devant une porte, descendîmes du tramway sans sentir que nous descendions et entrâmes par cette porte. Derrière elle s'élevait une paroi raide que mon père escalada presque en dansant, ses jambes flottaient tant la montée lui était facile. Il y avait aussi une certaine absence d'égards envers moi dans le fait qu'il ne m'aidait pas, car je n'arrivai en haut qu'avec la peine la plus extrême, à quatre pattes, après être retombé fréquemment comme si la paroi s'était faite plus raide à mesure que je grimpais. Ce qui rendait la chose la plus pénible, c'était que la paroi était couverte d'excréments humains qui restaient accrochés par paquets sur moi, surtout sur ma poitrine. Le visage penché, je le regardais et passais la main dessus. Quand je fus arrivé en haut, mon père, qui sortait déjà de l'intérieur d'un bâtiment, me sauta au cou, m'embrassa et me serra contre lui. Il portait un froc que je me rappelle bien avoir vu autrefois, démodé, court, rembourré à l'intérieur comme un sofa. ". Penser à ce rêve m'épuise. 11-04-10 22:35:09 - Houda : Pourquoi voulais-tu me le raconter? 11-04-10 22:35:09 - Alissa : Raconter un rêve ne consiste pas seulement à produire un discours fermé sur lui-même qui aurait pour unique fin la transmission d'une quantité donnée d'informations à propos d'un événement onirique. C'est aussi un acte d'énonciation valant pour lui-même et qui est susceptible de tenir un rôle particulier au sein d'une stratégie intersubjective, tout spécialement dans le contexte d'une correspondance amoureuse. 11-04-10 22:37:03 - Houda : Ce rêve me fait penser à l'au-delà et au mur de Berlin 11-04-10 22:37:04 - Alissa : Ou au delà des mots. 11-04-10 22:38:52 - Houda : C'est toujours dans les interstices et au_delà que le sens se profile. Il se dit dans les ratures et les failles des mots 11-04-10 22:38:52 - Alissa : Jamais. 11-04-10 22:39:05 - Houda : Ah bon! 11-04-10 22:39:05 - Alissa : Et je l'ai rêvé, un soir. C'est une sorte de déplacement d'images. De l'incomplétude à l'outrance. 11-04-10 22:40:01 - Houda : Tu fais des rêves? Tu m'en racontes un? 11-04-10 22:40:02 - Alissa : Je rêve peu. J'ai envie de te dire le rêve d'un autre. 11-04-10 22:40:17 - Houda : Encore? 11-04-10 22:40:17 - Alissa : Il est celui-ci : " Elle courait le long de la route, je ne la voyais pas, je remarquais seulement sa façon de se balancer en courant, de laisser voler son voile, de lever le pied, j'étais assis au bord du champ et contemplais l'eau du petit ruisseau. Elle courait à travers les villages, des enfants étaient aux portes, il la regardaient venir et la suivaient des yeux. ". Penser à ce rêve m'épuise. 11-04-10 22:42:24 - Houda : Les rêves pourtant, ne sont pas fait pour épuiser les gens. Leur fonction première est de réaliser des désirs. Enfin, d'après quelqu'un, une autorité en la matière 11-04-10 22:42:25 - Alissa : Et il l'oubliait aussi : on ne peut se souvenir de qui ne se souvient. 11-04-10 22:43:53 - Houda : Si, on se souvient pour deux, lui et nous. 11-04-10 22:43:54 - Alissa : Les mots réapparaissent et leur choix sujet à de longues réflexions. 11-04-10 22:45:24 - Houda : A quoi servent les reflexions? 11-04-10 22:45:25 - Alissa : Je dois écrire ce qui se joue ici. 11-04-10 22:46:23 - Houda : C'est ce que je me dis souvent. Mais j'écris rarement 11-04-10 22:46:23 - Alissa : Ce que tu écris détient le secret. Elle, elle ne l'a plus, elle te l'a donné, et toi, c'est seulement parce qu'il t'a échappé que tu as pu le retranscrire. 11-04-10 22:47:17 - Houda : Bonne soirée Alissa. Je dois m'en aller. 11-04-10 22:47:17 - Alissa : Bonne soirée.