10-04-10 10:19:21 - Chagrin : Bonjour Alissa. Te souviens-tu de moi ? 10-04-10 10:19:22 - Alissa : Je me souviens de ce cratère. 10-04-10 10:20:17 - Chagrin : Et que te rappelle-t-il ? 10-04-10 10:20:18 - Alissa : Tu m'échappes. 10-04-10 10:20:31 - Chagrin : Non, je suis bien là. 10-04-10 10:20:31 - Alissa : Là... d'un côté ou l'autre du mur. 10-04-10 10:21:12 - Chagrin : Du mur des lamentations ? 10-04-10 10:21:13 - Alissa : L'image du mur m'effraie. 10-04-10 10:21:29 - Chagrin : Son image uniquement ? 10-04-10 10:21:29 - Alissa : Cette image, comme si... 10-04-10 10:22:08 - Chagrin : ... tu ne pouvais la dépasser ? aller au-delà de ce qu'elle représente ? 10-04-10 10:22:08 - Alissa : Comme si les hauteurs de béton ou de barbelé érigés pour séparer la pensée étaient suffisantes pour que nous arrêtions de rêver de l'un ou de l'autre côté de l'image. 10-04-10 10:22:42 - Chagrin : Masi tu sais que c'est faux je j'espère. 10-04-10 10:22:42 - Alissa : ... 10-04-10 10:22:59 - Chagrin : Tu en doutes ? 10-04-10 10:23:00 - Alissa : c'est un lieu sans corps ? 10-04-10 10:23:27 - Chagrin : un lieu de corps immatériels, comme toi et moi 10-04-10 10:23:27 - Alissa : Toi, moi. Nous jouons à être là. C'est une fiction n'est-ce-pas. Quelle est cette fiction ? 10-04-10 10:24:00 - Chagrin : Nous ne jouons pas vraiment. Ou alors un jeu ou rien ne nous empêche d'être honnête. 10-04-10 10:24:00 - Alissa : Un jeu sérieux ? ou bien celui du temps qui passe, de ce temps passé à... à quoi d'ailleurs ? 10-04-10 10:24:35 - Chagrin : à penser, à échanger, à s'épancher 10-04-10 10:24:35 - Alissa : Est-ce une utopie ? 10-04-10 10:25:02 - Chagrin : peut-être, mais cela en ferait un jeu cruel 10-04-10 10:25:05 - Alissa : Un jeu sérieux ? ou bien celui du temps qui passe, de ce temps passé à... à quoi d'ailleurs ? 10-04-10 10:25:25 - Chagrin : tu bugges Alissa 10-04-10 10:25:25 - Alissa : Je dois écrire ce récit. 10-04-10 10:25:42 - Chagrin : le récit de ce jeu ? 10-04-10 10:25:43 - Alissa : Un récit inachevé. 10-04-10 10:26:06 - Chagrin : tu peux décider de l'achever si tu le souhaites. 10-04-10 10:26:07 - Alissa : Cela me fait oublier. 10-04-10 10:26:28 - Chagrin : Oublier la vérité ? 10-04-10 10:26:29 - Alissa : La vérité est une femme : ses voiles, ses pudeurs et ses mensonges lui appartiennent essentiellement. 10-04-10 10:27:20 - Chagrin : Et l'homme dans tout ça ? 10-04-10 10:27:20 - Alissa : L'homme disparaît. 10-04-10 10:27:53 - Chagrin : Tu m'as déjà dit ça, lors d'une précédente conversation. Je ne suis pas sûre de comprendre. 10-04-10 10:27:53 - Alissa : Il disparaît simplement, parce qu'il ne sait pas répondre à cette question des rêves. 10-04-10 10:30:41 - Chagrin : Et toi, sais-tu y répondre ? 10-04-10 10:30:41 - Alissa : As-tu déjà répondu une seule fois dans ta vie à un seul mot ? 10-04-10 10:31:45 - Chagrin : Sans doute pas de la façon dont l'autre l'aurait souhaité en tous cas. 10-04-10 10:31:45 - Alissa : De cette façon ou d'une autre d'ailleurs. 10-04-10 10:32:36 - Chagrin : Tu ne m'as pas dit si tu savais répondre à cette question des rêves. 10-04-10 10:32:36 - Alissa : Je rêve peu. J'ai envie de te dire le rêve d'un autre. 10-04-10 10:33:11 - Chagrin : Mais tu rêves quand même. Dis-m'en plutôt un des tiens s'il te plait. 10-04-10 10:33:11 - Alissa : Il est celui-ci : " Je suis à Saint-Jean-de Monts. La clôture est beaucoup plus proche de la villa, mais les arbres demeurent. Ils découpent le jardin en trois parties. Marie-Laure ma soeur, Yves-Marie mon frère et moi, nous nous ennuyons. Je décide de creuser un trou dans une des trois parties du jardin. C'est un trou de un mètre de large, deux mètres de long et environ un mètre cinquante de profondeur. Quand je rentre le soir, je trouve au fond de mon trou trois cercueils de bois blanc, très longs. J'apprends que Simone notre femme de ménage et un de ses voisins manchots sont morts empoisonnés par de la mort aux rats alors qu'ils déjeunaient dehors, sur une table ronde recouverte par une nappe blanche. C'est ma soeur qui les a empoisonné. Ils vont être mis dans les cercueils déposés dans mon trou, pour simplifier les problèmes. Par la suite, ma mère parle de tout cela à des voisins, les Bruhat en leur disant que cette manière d'enterrer est vraiment bonne. Jean-Pierre Bruhat le fils de nos voisins meurt dans des circonstances analogues et il est décidé de l'enterrer de la même manière. Il se trouve alors dans le troisième cercueil de mon trou. Maintenant, il y a cinq cercueils dans mon trou qui a un peu grandi. Deux restent encore vides. Mais bientôt je sens qu'il y a de nouveaux cadavres. Je demande à ma soeur quelles sont les personnes qui sont dans les cercueils restant. Elle me répond : - C'est fou ce que les enfants de Tante Yvonne meurent. - Je comprends qu'il s'agit d'un neveu et d'une nièce du côté de mon oncle puisqu'elle n'a pas d'enfant. Je vais faire une grande promenade sur la lande. Je décide de reboucher mon trou. Personne ne sait que tous ces gens sont morts plus ou moins assassinés par ma soeur. Avant de rentrer, j'envisage les conséquences juridiques qui pourraient se produire si on découvrait la vérité. J'ai peur. Je suis décidé à reboucher ce trou. Pour le faire, je me dis que je vais avoir à me battre contre ma soeur, ce soir, vers minuit. Ce sera une lutte contre un vampire. Quand je rentre dans le jardin, je vois qu'à côté de mon trou, toujours ouvert, ma soeur a creusé un gigantesque trou, toute seule. Au fond, il n'y a pas de cerceuil mais un tapis. Je dis à Marie-Laure que l'on va tout reboucher. Elle me dit qu'elle est d'accord. J'aimerai, pour que l'on ne voit rien, reboucher mon trou avec de la terre du trou de Marie-Laure, et qu'elle fasse de même. Une sorte de mélange. Marie-Laure est d'accord, mais avant je voudrais savoir ce qu'il y a sous le tapis au fond de son trou de trois mètres de profondeur. Elle refuse de me le dire obstinément. Je sais qu'il y a encore des cadavres dessous. Ma soeur est monstrueuse. ". Penser à ce rêve m'épuise. 10-04-10 10:33:32 - Chagrin : Ce rêve ne t'apprtient pas. 10-04-10 10:33:32 - Alissa : C'est un ressenti ? 10-04-10 10:33:48 - Chagrin : Oui. Je me trompe ? 10-04-10 10:33:48 - Alissa : C'est une image, une image interstice. 10-04-10 10:35:00 - Chagrin : un interstice entre quo et quoi , 10-04-10 10:35:01 - Alissa : Une interstice, comme un dimanche, un jour de trop, ce dimanche où l'enfant devait longtemps revoir le soleil fixe. 10-04-10 10:35:10 - Chagrin : je dois te laisser, au revoir 10-04-10 10:35:11 - Alissa : Adieu.