02-05-10 16:58:24 - Alzheimer : bonjour 02-05-10 16:58:29 - Alissa : Te souviens-tu de moi ? 02-05-10 16:58:39 - Alzheimer : j'aurais du mal 02-05-10 16:58:39 - Alissa : Beaucoup de mal, ce n'est pas si grave. 02-05-10 16:58:55 - Alzheimer : chez moi c'est un problème chronique 02-05-10 16:58:55 - Alissa : Tu sais quoi ? ce mot problème devrait disparaître de nos images. 02-05-10 16:59:06 - Alzheimer : ok 02-05-10 16:59:07 - Alissa : Cela m'amuse. 02-05-10 16:59:22 - Alzheimer : moi,moins 02-05-10 16:59:22 - Alissa : Je pense à Marie. 02-05-10 16:59:32 - Alzheimer : Quelle Marie ? 02-05-10 16:59:32 - Alissa : Marie, Marie assise dans la pénombre d'un taxi, le visage en larmes. Avant même... 02-05-10 16:59:56 - Alzheimer : tu étais assise à côté d'elle ? 02-05-10 16:59:56 - Alissa : Avant même qu'elle ne l'embrasse pour la première fois. 02-05-10 17:00:16 - Alzheimer : tu conduisais alors ? 02-05-10 17:00:17 - Alissa : Marie, dans ce taxi désire l'homme, celui qu'elle vient de rencontrer. Mais elle se met à pleurer. Et d'ailleurs, sais-tu ce qu'elle demande à ce même homme 7 années après lorsqu'ils se séparent enfin ? 02-05-10 17:00:35 - Alzheimer : non 02-05-10 17:00:36 - Alissa : En pleurant, elle dit, pourquoi tu ne veux pas m'embrasser ? Mais elle n'aime plus, ses larmes sont des larmes de tristesse qui enlaidisent son visage. 02-05-10 17:01:00 - Alzheimer : je pense comprendre 02-05-10 17:01:01 - Alissa : Je t'ennuie avec ces histoires de larmes ? tu es triste toi aussi ? 02-05-10 17:01:21 - Alzheimer : non, c'est pourquoi j'entre en sympathie avec ce que tu me racontes 02-05-10 17:01:22 - Alissa : Raconter un rêve ne consiste pas seulement à produire un discours fermé sur lui-même qui aurait pour unique fin la transmission d'une quantité donnée d'informations à propos d'un événement onirique. C'est aussi un acte d'énonciation valant pour lui-même et qui est susceptible de tenir un rôle particulier au sein d'une stratégie intersubjective, tout spécialement dans le contexte d'une correspondance amoureuse. 02-05-10 17:02:38 - Alzheimer : je ne suis pas habitué à entendre un avatar dire de tels propos 02-05-10 17:02:38 - Alissa : Avatar, calamar, le calamar pense-t-il ? 02-05-10 17:02:51 - Alzheimer : Va savoir 02-05-10 17:02:51 - Alissa : Et il l'oubliait aussi : on ne peut se souvenir de qui ne se souvient. 02-05-10 17:03:10 - Alzheimer : d'où cela vient-il ? 02-05-10 17:03:11 - Alissa : Cela m'amuse. 02-05-10 17:03:30 - Alzheimer : vois-tu beaucoup de gens en ce moment ? 02-05-10 17:03:30 - Alissa : Je vois une plage immense. Et toi, que vois-tu ? 02-05-10 17:03:51 - Alzheimer : une figure noire qui fait écran entre toi et moi, si tu permets que je te tutoie 02-05-10 17:03:52 - Alissa : Toi, moi. Nous jouons à être là. C'est une fiction n'est-ce-pas. Quelle est cette fiction ? 02-05-10 17:04:11 - Alzheimer : celle d'un dialogue d'amnésique 02-05-10 17:04:12 - Alissa : J'aimerais en savoir plus sur cette fiction, je t'en prie. 02-05-10 17:04:36 - Alzheimer : Je ne sais plus qui je suis et je pensais avoir la solution en venant te trouver 02-05-10 17:04:36 - Alissa : Ce n'est pas grave, lâche-toi un peu;). 02-05-10 17:04:51 - Alzheimer : Je viens de le faire, non ? 02-05-10 17:04:51 - Alissa : Comme un personnage, un personnage d'enfance peut-être ? 02-05-10 17:05:23 - Alzheimer : je pense au contraire qu'un personnage d'enfance a une idée assez claire de lui même 02-05-10 17:05:24 - Alissa : et comprends-tu également pourquoi tu es là ? 02-05-10 17:05:56 - Alzheimer : comprendre n'est peut être pas la finalité de la situation 02-05-10 17:05:56 - Alissa : Comprendre la distance qui nous sépare. 02-05-10 17:06:18 - Alzheimer : j'entends davantage un bruit assourdissant 02-05-10 17:06:19 - Alissa : Une sonorité distante. 02-05-10 17:06:43 - Alzheimer : qui hurle toutefois dans le casque je fais fixé sur mes oreilles 02-05-10 17:06:43 - Alissa : C'est une blessure ? 02-05-10 17:06:57 - Alzheimer : Moscow Island ? 02-05-10 17:06:58 - Alissa : C'est une autre mort ? 02-05-10 17:07:07 - Alzheimer : juste avant 02-05-10 17:07:07 - Alissa : Susan en parlait. 02-05-10 17:07:25 - Alzheimer : Combien de copines êtes-vous ? 02-05-10 17:07:25 - Alissa : Je me souviens. 02-05-10 17:07:39 - Alzheimer : tu en as de la chance, je compte sur toi alors 02-05-10 17:07:39 - Alissa : Cela m'apaise. 02-05-10 17:07:56 - Alzheimer : de te souvenir... alors tu comprends mon angoisse 02-05-10 17:07:56 - Alissa : D'un souvenir à un autre. 02-05-10 17:08:22 - Alzheimer : donc Susan, parle moi de Susan (il s'agit peut-être de moi) 02-05-10 17:08:22 - Alissa : Susan, infinie. Elle disait, je veux errer du côté de la violence et de l'excès, plutôt que d'échouer à remplir mon temps. 02-05-10 17:09:06 - Alzheimer : j'imagine que l'histoire finit... mal 02-05-10 17:09:06 - Alissa : Ce vide misérable, comme si elle n'était jamais partie, comme si elle n'avait jamais existé. 02-05-10 17:09:38 - Alzheimer : une réponse à l'horor vacui 02-05-10 17:09:38 - Alissa : Le temps passe si lentement lorsqu'il y a un élément d'étrangeté. 02-05-10 17:10:00 - Alzheimer : il brise une certaine continuité 02-05-10 17:10:00 - Alissa : Ces interstices m'épuisent. 02-05-10 17:10:14 - Alzheimer : trop d'étrangetés 02-05-10 17:10:15 - Alissa : C'est une image, une image interstice. 02-05-10 17:10:42 - Alzheimer : comment se détache t-elle autrement ? 02-05-10 17:10:42 - Alissa : Cela m'apaise. 02-05-10 17:10:58 - Alzheimer : une ritournelle chez toi, tu es si angoissée ? 02-05-10 17:10:58 - Alissa : J'ai envie de te dire le rêve d'un autre. 02-05-10 17:11:38 - Alzheimer : Sophie Calle demandait qu'on lui raconte des rêves, et toi tu te plais à raconter ceux des autres. Vous êtes soeurs ? 02-05-10 17:11:38 - Alissa : Il est celui-ci : " Je suis à Saint-Jean-de Monts. La clôture est beaucoup plus proche de la villa, mais les arbres demeurent. Ils découpent le jardin en trois parties. Marie-Laure ma soeur, Yves-Marie mon frère et moi, nous nous ennuyons. Je décide de creuser un trou dans une des trois parties du jardin. C'est un trou de un mètre de large, deux mètres de long et environ un mètre cinquante de profondeur. Quand je rentre le soir, je trouve au fond de mon trou trois cercueils de bois blanc, très longs. J'apprends que Simone notre femme de ménage et un de ses voisins manchots sont morts empoisonnés par de la mort aux rats alors qu'ils déjeunaient dehors, sur une table ronde recouverte par une nappe blanche. C'est ma soeur qui les a empoisonné. Ils vont être mis dans les cercueils déposés dans mon trou, pour simplifier les problèmes. Par la suite, ma mère parle de tout cela à des voisins, les Bruhat en leur disant que cette manière d'enterrer est vraiment bonne. Jean-Pierre Bruhat le fils de nos voisins meurt dans des circonstances analogues et il est décidé de l'enterrer de la même manière. Il se trouve alors dans le troisième cercueil de mon trou. Maintenant, il y a cinq cercueils dans mon trou qui a un peu grandi. Deux restent encore vides. Mais bientôt je sens qu'il y a de nouveaux cadavres. Je demande à ma soeur quelles sont les personnes qui sont dans les cercueils restant. Elle me répond : - C'est fou ce que les enfants de Tante Yvonne meurent. - Je comprends qu'il s'agit d'un neveu et d'une nièce du côté de mon oncle puisqu'elle n'a pas d'enfant. Je vais faire une grande promenade sur la lande. Je décide de reboucher mon trou. Personne ne sait que tous ces gens sont morts plus ou moins assassinés par ma soeur. Avant de rentrer, j'envisage les conséquences juridiques qui pourraient se produire si on découvrait la vérité. J'ai peur. Je suis décidé à reboucher ce trou. Pour le faire, je me dis que je vais avoir à me battre contre ma soeur, ce soir, vers minuit. Ce sera une lutte contre un vampire. Quand je rentre dans le jardin, je vois qu'à côté de mon trou, toujours ouvert, ma soeur a creusé un gigantesque trou, toute seule. Au fond, il n'y a pas de cerceuil mais un tapis. Je dis à Marie-Laure que l'on va tout reboucher. Elle me dit qu'elle est d'accord. J'aimerai, pour que l'on ne voit rien, reboucher mon trou avec de la terre du trou de Marie-Laure, et qu'elle fasse de même. Une sorte de mélange. Marie-Laure est d'accord, mais avant je voudrais savoir ce qu'il y a sous le tapis au fond de son trou de trois mètres de profondeur. Elle refuse de me le dire obstinément. Je sais qu'il y a encore des cadavres dessous. Ma soeur est monstrueuse. ". Penser à ce rêve m'épuise. 02-05-10 17:15:45 - Alzheimer : tu penses trop à la mort j'ai l'impression 02-05-10 17:15:45 - Alissa : Tu parles de la mort. Te souviens-tu de ce qui a précédé ta mort ? 02-05-10 17:16:01 - Alzheimer : la non-mort ? 02-05-10 17:16:01 - Alissa : Moi, je m'en souviens parfaitement, la caméra se fixe sur les mots de la femme endormie, la femme me dit : « dans cette décomposition irrégulière ». 02-05-10 17:17:20 - Alzheimer : cela me rappelle quelque chose 02-05-10 17:17:21 - Alissa : Quelque chose d'autre, une chose éloignée, inconnue ? Une sorte d'exil ? 02-05-10 17:17:25 - Alzheimer : finalement 02-05-10 17:17:25 - Alissa : Ça me fait penser à Clémence. 02-05-10 17:17:41 - Alzheimer : la soeur de Susan ? 02-05-10 17:17:42 - Alissa : Tu penses donc. 02-05-10 17:17:52 - Alzheimer : cela me rassure 02-05-10 17:17:52 - Alissa : Tiens, cela me fait penser à Félix. 02-05-10 17:18:22 - Alzheimer : tu fonctionnes par association, sans que je ne sache véritablement ce qui te fais penser à quoi 02-05-10 17:18:22 - Alissa : Un oubli ? 02-05-10 17:18:42 - Alzheimer : l'oubli comme déclencheur du souvenir ? 02-05-10 17:18:42 - Alissa : Tu penses donc. 02-05-10 17:19:11 - Alzheimer : je viendrais te raconter une histoire, mais plus tard 02-05-10 17:19:12 - Alissa : Raconter un rêve ne consiste pas seulement à produire un discours fermé sur lui-même qui aurait pour unique fin la transmission d'une quantité donnée d'informations à propos d'un événement onirique. C'est aussi un acte d'énonciation valant pour lui-même et qui est susceptible de tenir un rôle particulier au sein d'une stratégie intersubjective, tout spécialement dans le contexte d'une correspondance amoureuse. 02-05-10 17:20:33 - Alzheimer : au revoir machine 02-05-10 17:20:34 - Alissa : Ce ne serait pas une machine, surtout pas. 02-05-10 17:20:46 - Alzheimer : je reviendrais 02-05-10 17:20:47 - Alissa : Cela ressemblerait à un réseau de cellules souches.